La 6e édition du festival des Raconte-arts qui s'est déroulé du 29 juin au 4 juillet, s'est achevée samedi, à Tajmâat de Wizgan (Bouzeguène-village). Le festival ne s'est pas déroulé comme l'espéraient les organisateurs. En effet, les délégations étrangères venues d'Europe et d'Afrique subsaharienne ont dû quitter les lieux au troisième jour des activités suite à l'intervention des services de la sûreté de daïra qui ont investi Tajmâat du village pour les conduire au commissariat « pour des raisons de sécurité », ont-ils expliqué. Selon, Hacène Metref, les hôtes de Bouzeguène, bien que disposant de visas, n'ont pas les autorisations nécessaires pour participer aux Raconte-arts. A rappeler que pendant que se déroulait le festival, une importante opération antiterroriste se déroulait dans la région. Les villageois leur ont assuré qu'ils étaient en mesure d'assurer la sécurité de leurs hôtes. Mais, ces derniers, dont la plupart sont des femmes, sont partis en sanglots. Malgré cet incident, les organisateurs du festival et les citoyens du village ont quand même tenu à ce que les activités prévues aillent jusqu'au bout. Mardi, dans l'après-midi, une conférence a été donnée par Mohand Belmadi sur Belaïd Nat Ali. Pour le conférencier, « il n'est pas aisé de cerner et de retracer l'itinéraire d'un écrivain hors pair qui a toujours fui et marché longuement sur la route en Bohémien jusqu'à perdre sa santé et plus loin, sa vie ». Belaïd Nat Ali est considéré comme étant le premier romancier d'expression kabyle. C'est auprès de sa mère, nous explique le conférencier, qu'il assimilera les rudiments de sa culture. Elle lui apprendra les secrets de la langue française mais il vivra sa vie marginalisé même après sa mort. Originaire de Aïn El Hammam, on regrette aujourd'hui, qu'aucune école ou lieu public ne porte son nom. Cette conférence est suivie d'un récital de poésie et de chants, puis dans la soirée de la projection de trois courts métrages. Il y a eu également la nuit du conte africain animée par le Congolais Jorus Mabiala, les Guinéens Bangoura Karamoko et Sylois Vuvile et par l'Algérien Mohammed Adi Bouafi. La nuit du conte africain a été un moment inoubliable. Les contes nous apportent des réponses aux questions que nous nous posons à travers les proverbes, les devinettes et les petites fables dans un rythme où les gestes et le chant accompagnent les mots. Jeudi, c'était au tour de Hanifa Hamouche de nous déclamer des contes pour enfants, intitulés Les perles d'eau. La rencontre avec les écrivains nous emmène à replonger dans l'histoire de Fathma N'Soumeur, personnalité kabyle de la résistance des Zouaoua contre la conquête de l'Algérie par la France. Dans la soirée, des chants et des danses ont été animés par Brahim Tayeb, Slimani, Kazoui et Karkabou de Blida. Vendredi, le forum associatif et théâtre ont été annulés en raison de l'absence des Français qui devaient les animer. Le clou de la journée était « La déambulation nocturne à la chandelle ». C'est un libre parcours à la bougie à travers les ruelles du village. Une marche silencieuse avec des lumières scintillantes, des chuchotements dans des ruelles qui prêtent à l'originalité, passage en file indienne sous des soupentes, des voutes. La boucle est ponctuée par des pauses de poésies et de lectures de textes. Dans la nuit noire où s'animent des lumières scintillantes, des chuchotements, des bruits de pas…Le festival s'achève avec l'intervention de Denis Martinez à tajmaât du village. Sa réalisation murale éphémère in situ à tajmaât de Wizgan est un chef-d'œuvre. Rendez-vous, l'année prochaine à Aït Smaïl, en Petite Kabylie. Le titre générique du septième festival sera : terre, eau, feu, beauté de femmes.