Lille (France). De notre envoyé spécial Le chamboulement du climat a été analysé sous tous ses angles. Ainsi a-t-il été le cas de l'un des plus grands journaux de la presse française, la Voix du Nord. Ce quotidien régional affiche un tirage qui avoisine les 300 000 exemplaires par jour, avec des inclinaisons locales. La Voix du Nord est une filiale du groupe belge Rossel, qui possède également le Soir de Belgique. Le tabloïd français à caractère régional édite 25 éditions et emploie 305 journalistes, a affirmé Henry Dudzinski, directeur des éditions. Des bureaux sont ouverts dans quasiment toutes les villes de la région. A Lille, le journal, qui trône de ses cinq étages sur la Grande Place, sert de repère. On se situe par rapport à son emplacement. Les responsables de ce quotidien ont réservé une bonne place à l'abonnement. Le même responsable éditorial indique : «Près de 75% du tirage de toutes nos éditions se font par abonnement. Nous avons 50 plateformes de diffusion, par motocyclettes, vélos, etc. Notre abonné dispose de son journal très tôt le matin. Nos rentrées reposent à 53% sur les ventes et à 47% sur la publicité.» Le 30 septembre dernier, le journal a changé de maquette et paraît, depuis, entièrement en couleur. C'est le seul dans la presse régionale française. La Voix du Nord a gagné ses lettres de noblesse et élargi son lectorat grâce au traitement de l'information de proximité, à son dense tissu de correspondants locaux, mais aussi grâce à la qualité de ses journalistes permanents. L'Ecole supérieure de journalisme n'est pas loin. La formation et le perfectionnement de son personnel rédactionnel sont assurés dans cette prestigieuse école. L'immeuble est modeste. Il est tout en briques pleines noircies par le temps et les séquelles de la pollution atmosphérique ; Lille était connue pour ses mines de charbon. Sur la façade qui donne sur la rue, une petite plaque verticale sur fond orange indique avec trois lettres la fonction du bâtiment : ESJ (Ecole supérieure de journalisme), qui représentent son logo. A peine si l'on distingue le célèbre bâtiment des autres. Frédéric Baillot, délégué aux nouvelles formations à l'école et maire de la commune proche de Temple Mars, en parle : «L'ambition de la formation initiale de notre école est de transmettre à nos étudiants un savoir-faire technique. Nous leur prodiguons aussi un savoir-être. Notre souci est de leur permettre d'assumer pleinement leurs responsabilités professionnelles et sociales.» L'ESJ a élu domicile dans cette ancienne structure depuis 1924. Le silence règne en maître des lieux. Des étudiants devisent dans une petite et lugubre cour, entourée par les différentes ailes de l'école. Naïma est Algérienne. Elle fait une formation de deux ans. «J'ai obtenu une licence à l'Institut de l'information et de la communication d'Alger et j'ai travaillé pendant quelques années dans un quotidien algérois. Je suis ici pour me perfectionner à l'ESJ et obtenir un diplôme de post-graduation. A la fin de ma formation, je vais décider de ce que je vais faire ; rentrer au pays ou m'installer ici et chercher du travail», dit-elle. L'école assure des formations généralistes ainsi que des filières spécialisées comme le journalisme scientifique et le journalisme de la presse hebdomadaire régionale, explique encore M. Baillot. Au rez-de-chaussée, six salles sont équipées d'ordinateurs reliés au réseau internet. Pour mieux maîtriser l'outil informatique, les responsables de l'école obligent les étudiants à animer un blog personnel. Aux étages supérieurs, des studios de radio et des plateaux de télévision sont aménagés dans des pièces peu spacieuses. Des étudiants produisent des émissions qui sont diffusées dans la région. Quatre d'entre eux, sans se soucier de notre présence, s'affairent dans la cellule de montage à préparer un produit sonore à émettre en réseau local. «Depuis 17 ans, ESJ Médias, département de la formation continue au journalisme en presse écrite, radio, télévision et multimédia, accompagne les journalistes en activité dans l'exercice de leur métier. Nous concevons nos programmes en partant des réalités concrètes de la profession, sans prétention mais avec une obsession : être et rester au service des médias et des journalistes», lit-on sur le site web de l'école. L'ESJ a également une dimension internationale. Le même responsable déclare : «Depuis 1924, année de son ouverture, l'ESJ a toujours accueilli des étudiants étrangers. Cette ouverture sur le monde fait depuis toujours partie de son identité. Au fil des ans, elle est devenue une école très présente sur le plan international, jusqu'à devenir le principal opérateur français de la formation au journalisme à l'étranger. Ses formations sont faites en direction d'étudiants d'Afrique, de Méditerranée, de Chine…» «Chaque année, indique encore M. Baillot, l'ESJ Lille intervient ainsi dans de nombreux pays, en formation initiale ou continue.» Elle apporte son soutien à la création ou au renforcement de centres de formation ; elle organise des sessions de perfectionnement dans des médias locaux, qu'ils soient de presse écrite, de radio, de télévision ou sur le Net. Elle accueille aussi, à Lille ou dans ses locaux de Montpellier, des stagiaires étrangers. En formation initiale, l'ESJ Lille réserve chaque année près de 10% des places de ses promotions à des étudiants étrangers recrutés sur concours. Ceux-ci subissent des tests et des cours d'intégration. Maîtrise de la langue française, culture générale et connaissance des institutions sont les principales matières de ces cours spécifiques destinés aux étrangers. Les responsables de l'école ont limité le nombre d'étudiants par promotion à 56, encadrés par 30 enseignants permanents et 190 intervenants extérieurs (des rédacteurs d'éditions web de journaux, des journalistes radio, de télévision, de magazines, de quotidiens). Le principe de formation repose sur la collecte de l'information, la vérifier et la croiser avec d'autres sources. A l'ESJ, les enseignements ne se font pas en amphithéâtre mais se déroulent tous en séances pratiques. Le seul amphi de l'école, confortable et de petite dimension, sert aux rencontres et à divers regroupements et non pas aux cours et aux objectifs pédagogiques. Etant de statut privé, les études à l'ESJ sont payantes. Pour deux ans de formation, l'étudiant aura à verser un total de 7500 euros alors que le coût réel est le double. L'école reçoit des subventions de l'Etat français pour maintenir l'équilibre budgétaire. Des ambassades et l'Union européenne apportent leur contribution financière. «Cest le cas pour l'Algérie, où l'ambassade de France à Alger a soutenu en 2007 un programme de formation en direction de quatre quotidiens algériens – El Watan, El Khabar, Liberté et le Soir d'Algérie. Les journaux ont bien évidement apporté leur part de financement», a encore affirmé Frédéric Baillot. Pour celui-ci, les organes de presse et les entreprises sont le gagne-pain de l'école tant leur apport aux finances est substantiel. L'ESJ a tenté une expérience avec des partenaires algériens. Avec l'université de Blida et avec les quatre journaux mentionnés ci-dessus. Avec l'institution universitaire, les liens sont rompus ; du quatuor de quotidiens, seul El Watan continue son programme de formation.