Paris. De notre correspondante La droite comme la gauche saluent un «grand serviteur de l'Etat» qui avait «l'étoffe d'un président» mais aussi un «caractère entier». Ancien ministre et président de l'Assemblée nationale, le premier président de la Cour des comptes, né en Tunisie en avril 1943, a succombé à une crise cardiaque jeudi à l'aube. De l'avis général, le gaulliste Philippe Séguin a marqué la vie politique française par son sens de l'Etat et de la République qu'il a servi pendant quarante ans avec «fidélité» et «conviction». C'était un orateur de talent, à la parole forte et intransigeante, s'accorde-t-on à dire aussi. Il était aussi connu pour son indépendance. Le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, a salué en Philippe Séguin un homme qui ne transigeait pas avec ses convictions et une «grande voix» qui manquera à la vie nationale française. «La France perd aujourd'hui un homme d'honneur, un homme d'Etat d'une exceptionnelle intelligence», estime, pour sa part, l'ancien président Jacques Chirac dans un communiqué. De nombreux responsables de gauche ont exprimé leur respect envers cet «homme de conviction». En 1981, Philippe Séguin avait voté l'abolition de la peine de mort, promesse de campagne présidentielle de François Mitterrand. Il avait refusé la Légion d'honneur que la France n'avait pas voulu accorder à son père, mort à la guerre en 1944. Après un passage par le cabinet du Premier ministre Raymond Barre, Philippe Séguin avait été élu député des Vosges en 1978 puis maire d'Epinal, une fonction qu'il occupa de 1983 à 1997. En 1992, à l'opposé de son parti, le RPR, il s'engage pour le «non» au traité de Maastricht. Président de l'Assemblée nationale, M. Séguin s'efforce en 1997 de dissuader Jacques Chirac de la dissoudre. En avril 1999, il quitte la présidence du RPR et la campagne des élections européennes. Jacques Chirac le nomme en juillet 2004 à la tête de la Cour des comptes dont le mandat devait s'achever en 2012. Il avait une autre passion : le football et le PSG. Les obsèques de Philippe Séguin auront lieu lundi 11 janvier dans l'après-midi à l'église Saint-Louis-des-Invalides, à Paris, en présence du président Nicolas Sarkozy. Un hommage à M. Séguin sera également organisé mardi à l'Assemblée nationale. Il sera inhumé dans le caveau familial à Bagnols-en-Forêt, dans le Var.