Vendredi, le roi Momo a ouvert le Carnaval de Rio. Le personnage rondouillard et rigolard symbolise tous les excès de cette fête délirante qui doit durer cinq jours. Qui dit carnaval dit samba, belles filles, plumes et strass... Mais, comme chaque année, les autorités brésiliennes profitent de ce moment unique pour faire rimer carnaval avec « social ». Dans le cadre d'une campagne lancée le 19 janvier, le ministère de la Santé a commencé la semaine dernière la distribution de 11 millions de préservatifs. Pour promouvoir leur utilisation lors des festivités qui rassemblent des millions de personnes à Rio, Salvador de Bahia ou encore Recife, 10 millions de « chemises de Vénus » avaient été distribuées l'année dernière. De son côté, la municipalité de Rio a lancé une campagne de lutte contre les stupéfiants sous la devise : « Vis cette fête sans drogue ! » Le moment-clé du carnaval est le défilé des écoles de samba qui concourent pour le titre de championne du carnaval et qui se sont préparées pendant un an à cette consécration. Quatorze écoles vont défiler au sambodrome, dimanche et lundi, de 21h à l'aube. Chacune a choisi un thème décliné dans sa chanson, reprise en chœur par des milliers de personnes, ses chars et ses costumes. Cette année, Portela, l'école en bleu et blanc, évoquera... les Objectifs du Millénaire des Nations unies pour un monde meilleur ! Dans sa chanson Nous le pouvons - Huit idées pour changer le monde, il est donc question de « fraternité » pour un « monde sans faim, sans douleur et sans guerre », du respect des droits de la femme, de la santé sous toutes ses formes, du combat contre le HIV et de la préservation de la nature... Pour la première fois, l'ONG Viva Rio, qui lutte notamment pour le désarmement dans le pays, aura son « ala », son secteur réservé dans le défilé. Avec un slogan : « Les armes à la poubelle. » « Nous serons 150 personnes, membres de Viva Rio, mais aussi partenaires et donateurs. Nous allons défiler avec des poubelles accrochées dans le dos, remplies d'armes cassées », explique une chercheuse de l'ONG. « C'est un moment propice pour donner de la visibilité à la campagne sur le désarmement qui a débuté il y a 6 mois et doit se poursuivre jusqu'au 23 juin prochain. Plus de 290 000 armes ont déjà été collectées. C'est aussi une manière de préparer le deuxième moment fort du désarmement : le référendum sur l'interdiction de la vente d'armes aux civils, prévu en octobre 2005. » Portela défilera lundi soir en chantant : « L'Onu et la samba, partenariat idéal / Pour le développement mondial. » Ils sont forts ces Brésiliens !