La tradition du carnaval demeure jusqu'à ces dernières années dans quelques régions de petite Kabylie, notamment dans la région de l'Akfadou. Contrairement aux autres carnavals que l'on célèbre le jour de l'an (Yennayer), mais surtout à l'achoura, ce carnaval est une fête à l'occasion de l'Aïd el-fitr, qui marque la fin du mois de jeûne musulman, et de la nuit précédant le Mouloud, l'anniversaire de la naissance du Prophète. Ici, le personnage masqué est appelé Amghar Ucheqquf, que l'on traduit par «vieillard en haillons», mais où acheqquf, au propre, un tesson de poterie, représente tout objet sans valeur, objet de rebut. Comme ailleurs, il importe que le personnage, qui symbolisait, au départ, l'année écoulée, soit mal représenté : il symbolisme, en effet, les problèmes et les mauvaises influences que l'on veut exorciser. Le personnage du carnaval porte un masque taillé dans une toison tannée (alemsir) qu'on a orné d'une barbe et d'une moustache en poils de chèvre. Le personnage est recouvert de toisons de mouton et il est armé d'un bâton qu'il brandit à chaque fois qu'il rencontre quelqu'un, notamment les enfants. En effet, d'après les témoignages, si Amghar ne frappe pas les adultes, il assène des coups aux enfants, car, dit-on, ils sont toujours espiègles.