Le carnaval de Rio, qui a débuté vendredi soir, a atteint son paroxysme dimanche et lundi avec les somptueux défilés des écoles de Samba. Ils étaient des centaines et des centaines de milliers à déferler sur Rio de Janeiro cette fin de semaine à l'occasion de la tenue du plus célèbre carnaval, le carnaval le plus connu et le plus riche du Brésil. Ce dernier attire tous les ans des milliers des touristes nationaux et étrangers. Il s'agit du plus grand événement de Rio après le Réveillon du Nouvel an. Cette année, il a été enregistré 700.000 touristes étrangers. Plus personne ne reste cloitré. Toutes et tous descendent dans les rues pour danser, manger, boire et rire. La fiesta est partout. Sous tous ses aspects, malgré une insécurité flagrante, malgré les appels à la vigilance. La particularité du Carnaval de Rio se trouve dans son organisation gigantesque. Les écoles de Samba se préparent pendant toute une année afin de participer au défilé sur l'avenue Marquês de Sapucai, plus connue sous le nom de Sambodromo. Cette avenue, connue comme la passerelle du rêve, est aménagée pour recevoir les spectateurs, majoritairement des touristes, des personnalités et des artistes brésiliens. Certains participants économisent toute une année pour pouvoir payer leurs costumes afin de défiler dans une école de Samba. des données incorrectes. Une reine âgée de 7 ans Douze écoles de Samba ont rivalisé devant les 90.000 spectateurs du Sambodrome, ceci pour tenter de décrocher le titre très convoité de «championne du carnaval». A l'image de Rio, c'est tout le Brésil et ses 195 millions d'habitants en liesse et costumés qui battent le pavé depuis 2 jours et jusqu'à mercredi aux sons des percussions. Vendredi soir à Rio de Janeiro, le gros roi Momo, symbole de tous les excès du carnaval, a reçu les clés symboliques de la ville des mains du maire, Eduardo Paes, qui a ordonné à chacun de s'amuser, en vertu d'une tradition apportée par les colons portugais au 17ème siècle. Pourtant, de nombreux appels à la modération ont été lancés cette année pour plus de sobriété, car «Mexico doit montrer au monde que c'est une ville disciplinée en mesure de bien abriter les jeux olympiques en 2016». Et au maire de Rio de Janeiro de déclarer : «Il faut boire modérément, se protéger dans les relations sexuelles et éviter toute violence». Il a rappelé, sourire aux lèvres, que «jusqu'au mercredi des Cendres, c'est le roi Momo qui sera responsable de tous les problèmes de la ville». Des échanges de tirs entre policiers et trafiquants de drogue présumés se sont soldés jeudi par au moins huit morts dans une favela de la zone nord de Rio, à la veille du coup d'envoi du carnaval. Les tirs ont eu lieu dans le cadre d'une opération policière dans la favela de Jacarezinho. Les morts sont un policier et sept trafiquants présumés. La police a renforcé ses effectifs à l'occasion de la tenue du Carnaval qui attire des centaines de milliers de touristes à Rio. Le même soir, Sao Paulo, la plus grande ville du Brésil (Sud-est), Salvador de Bahia et Recife (Nord-est) ont ouvert les festivités officielles avec leurs premiers défilés. Mais le carnaval le plus célèbre reste sans conteste celui de Rio, avec son imbattable défilé des écoles de Samba le long du Sambodrome construit en 1984 par l'architecte Oscar Niemeyer. Les douze meilleures écoles de Samba ont mis le paquet dimanche et lundi pour remporter le titre convoité de championne du carnaval. Cette compétition a des règles rigoureuses et les jurés notent dix critères comme l'originalité des thèmes, costumes, chars allégoriques, rythme, harmonie, évolution des danseurs... Le résultat sera annoncé mercredi. Et en même temps, paraîtra l'inévitable triste bilan auquel sont, désormais, habitués les Brésiliens à pareille période. Cette année, la présence parmi les spectateurs de célébrités internationales, et en particulier celle de Madonna et Paris Hilton, apportent une touche d'excitation supplémentaire aux défilés. Bien sûr, les 90.000 spectateurs du Sambodrome s'émerveillent de la richesse et de l'imagination des chars gigantesques, fruits de mois de travail. Mais la plupart n'ont d'yeux que pour les «passistas» qui défilent en dansant, vêtues seulement de quelques centimètres de strass. Et surtout pour les »reines de la batterie», ces jeunes femmes choisies pour leur talent de danseuse... et leur plastique parfaite. Or, cette année, la célèbre école de Viradouro a désigné reine une fillette de sept ans, Julia Lira, provoquant la colère des organisations de défense des droits de l'enfant qui dénoncent un rôle trop «fortement connoté sexuellement». Mais la justice les a déboutées et a autorisé Julia à défiler. Le père de l'enfant, qui n'est autre que le président de l'école de Viradouro, a promis que sa fille ne serait pas aussi dévêtue que les autres reines. Avec un thermomètre qui a dépassé ces derniers jours les 40°, faisant de ce mois de février le plus chaud des cinquante dernières années, les tenues sont restées de fait et de toute façon très légères. Rio de Janeiro, Abdelkader DJEBBAR