Quel rapport entretiennent les Algériens avec le chardonneret ? Très facile à apprivoiser ; très coloré, sa tenue et son chant très apprécié ; à l'époque, dans les années 1950, leur prix était très modeste et le chardonneret était disponible chez les oiseleurs. Quel était leur nombre et à combien sont-ils estimés aujourd'hui ? Les densités de populations de chardonnerets sauvages sont difficiles à avoir (il n'y a aucune estimation de la part des ornithologues). Quelle est la particularité du chardonneret algérien ? Il existait en quantité et en qualité, avec des chants exceptionnels (avec 7 à 9 tours ou strophes), plus agressifs que le chardonneret européen. Pour les connaisseurs, les chardonnerets algériens se reconnaissent par secteur à leur chant, les plus renommés sont de ceux de Kaddous, M'daourouche, la forêt des Planteurs, Attatba et Tala Guilef. Est-il vrai que la musique andalouse s'inspire de son chant ? Je ne suis pas mélomane, mais les Andalous élevaient déjà le chardonneret en Andalousie, la tradition d'élevage se serait renforcée avec leur venue au Maghreb et précisément en Algérie. Quelles solutions préconisez-vous pour freiner sa disparition ? Il faut arriver à maîtriser la reproduction en captivité, c'est aussi un moyen de diminuer la pression sur les populations sauvages de chardonnerets. Il existe des éleveurs amateurs qui ont réussi l'élevage en captivité à Bouzaréah, El Oued jusqu'à la deuxième génération chantant le « baker », qui est un chant du secteur de la forêt des Planteurs (chant de réputation internationale) ; à Tizi Ouzou, des éleveurs sont parvenus à la 4e génération. Il faudrait voir la disponibilité de l'alimentation des jeunes oisillons, la nourriture animale (pucerons) n'existe pas encore en Algérie, alimentation indispensable pour les premiers jours de la couvée des chardonnerets. Par ailleurs, il faudrait prendre exemple sur le modèle espagnol, où la pratique de la capture de chardonnerets sauvages est réglementée pour une durée d'un mois (septembre) par an, avec un nombre très limité de captures par saison avec suppression des filets japonais, un contrôle sévère devant s'effectuer par le biais d'un comité d'éleveurs avec l'établissement de fiches de capture. Il faudrait également créer des associations de professionnels (oiseleurs, éleveurs) et instaurer des concours pour stimuler les meilleurs éleveurs afin de stopper l'exportation des plus beaux sujets vers l'Europe. En Italie, les sujets exceptionnels (couleur et chant) peuvent atteindre les 5000 euros. Le champion du sud de l'Espagne 2006 était un sujet capturé à Oued El Alleug.