En effet, de nombreux Algérois ont été surpris, hier matin, par l'absence de taxis au niveau des arrêts habituels. Ils ont dû se rabattre, après quelques minutes d'attente, sur d'autres moyens de transport, en particulier les bus de l'Etusa mobilisés en force en ce premier jour de grève des chauffeurs de taxi. A Alger, les «taxieurs» ont répondu massivement à l'appel au débrayage de deux jours lancé la veille par la Coordination syndicale des chauffeurs de taxi et des transporteurs. «80% des chauffeurs de taxi, à Alger, ont répondu favorablement au mot d'ordre de grève», a déclaré Hocine Athmane, porte-parole du Syndicat national des chauffeurs de taxi et transporteurs (SNTT). Ce dernier évalue à 90% le taux de suivi de la grève à l'échelle nationale. «Il y a eu une mobilisation importante. Bien que l'information n'ait pas bien circulé, les chauffeurs de taxi ont été très nombreux à répondre à notre appel», déclare-t-il. Selon lui, le taux de suivi de la grève varie d'une wilaya à une autre. «Il y a des régions où le mot d'ordre a été respecté à 100%. Dans d'autres, comme à Constantine, 90% des “taxieurs” ont débrayé», explique-t-il. Les chauffeurs de taxi demandent aussi l'augmentation des tarifs Le responsable du SNTT salue, dans ce sens, la mobilisation des chauffeurs de taxi. «C'est une grande réussite ! Les chauffeurs de taxi sont conscients de la nécessité de faire pression sur les autorités pour les contraindre à résoudre les problèmes dont nous souffrons», lance encore Hocine Athmane. Pour les chauffeurs de taxi, il y a un cumul de problèmes. «Aujourd'hui, je ne peux même pas subvenir aux besoins de ma famille. Je gagne quotidiennement 1500 DA. Une somme qui ne me suffit pas pour couvrir toutes les charges de la voiture», déclare, Kamel, qui assure la liaison entre la place des Martyrs et celle du 1er Mai (Alger). Son collègue qui assure la même ligne relève le problème de la concurrence déloyale : «Il y a une véritable anarchie. Les clandestins travaillent en toute quiétude et nous font une véritable concurrence. Dans le même temps, nous qui travaillons dans la légalité sommes toujours inquiétés. De plus, nous sommes doublement taxés. Outre la vignette, nous sommes obligés aussi de payer les impôts.» Les chauffeurs de taxi d'Alger réitèrent également la demande d'augmentation des tarifs. «Nous travaillons à 20 DA depuis 1996. Or, le pouvoir d'achat a sensiblement baissé et la vie devient de plus en plus chère. Nous avons demandé une augmentation des tarifs (10 DA), mais notre demande a été refusée. C'est injuste !», souligne encore Kamel. Des revendications que la coordination syndicale ne partage pas. Selon Hocine Athmane, l'objectif de cette action est d'arracher les cinq revendications contenues dans la plateforme remise aux autorités. Il s'agit de l'effacement des dettes des «taxieurs», de la révision du barème de calcul des impôts ainsi que de l'exigence de geler l'application de la décision 09/278 du 4 juin 2009 qui libère à nouveau la délivrance des licences d'exploitation des taxis. Les protestataires demandent aussi l'élaboration du statut particulier des chauffeurs de taxi. Par ailleurs, le porte-parole du SNTT déplore la fuite en avant du ministère des Transports : «Au lieu de répondre favorablement à nos revendications, le ministère continue de nous ignorer. Pis, les autorités ont même mobilisé des bus supplémentaires pour casser notre mouvement.» Les syndicats ont été également contraints de faire face à l'opposition de l'UGCAA, qui a appelé à la reprise de travail des chauffeurs de taxi.