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Essai. «littérature(s) africaine(s) : Vers la transculturalité
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2010

Avec un volume relativement léger, ce livre synthétique présente cependant une densité de contenu qui permet de parcourir plusieurs décennies d'expression littéraire continentale et de découvrir par la même l'évolution de la critique. C'est sans doute ce qui a poussé son préfacier, Rachid Boudjedra, à affirmer : «Cet ouvrage est presque une encyclopédie qui fera date et qui sera une référence incontournable parce qu'elle nous donne à voir une Afrique multicolore et foisonnante à travers ses écrivains fascinants, talentueux et hors normes, à l'image de Mother Africa.»
L'auteur livre la quintessence de 25 années de recherches, déjà marquées par d'autres publications et de nombreuses contributions dans les revues spécialisées. Ici, il se penche sur le corpus immense et significatif que représentent les littératures écrites en français et en anglais, depuis la période coloniale jusqu'à la période post-coloniale. Benaouda Lebdaï s'inscrit, de manière lucide et mesurée, dans l'optique et la méthodologie des «postcolonial studies», développées par la recherche anglo-saxonne qui ont permis de caractériser et de mieux comprendre les évolutions qui ont suivi les indépendances, notamment, mais non exclusivement, dans la littérature. Il part de la vision de l'Afrique, développée en Occident depuis les siècles passés et, particulièrement, à partir de l'occupation de ce continent. De là sont nés des clichés réducteurs et des fantasmes, dressant un écran opaque devant la réalité de l'Afrique, mais aussi de ses expressions littéraires ou autres.
Au centre de l'ouvrage se situe une question de singulier et de pluriel qui n'a rien à voir avec
l'orthographe : l'affirmation erronée d'une littérature africaine, quand il en existe, en fait plusieurs.
Cette approche amène l'investigation de l'auteur sur le terrain des rapports entre l'histoire et la littérature, engagées dans une interaction aux directions multiples. Il commence d'ailleurs par s'intéresser à l'un des effets majeurs de l'histoire du continent sur sa littérature et, particulièrement, le roman, à savoir la question des langues liée au partage du continent par différentes puissances coloniales. Passant en revue les effets de cette situation plurilinguistique, Lebdaï souligne la nécessité d'étudier les langues «en contexte» pour ne pas nier la diversité africaine, d'où le recours à l'approche critique comparative qui fait l'objet du deuxième chapitre.
Il présente ensuite une synthèse efficace des rapports entre l'histoire et les littératures africaines avant de s'intéresser à la critique narratologique, en relevant, notamment, l'importance des personnages dans le roman africain. Il arrive aussi que l'écrivain soit un personnage de son propre roman, ce qui se traduit par l'autobiographie ou par l'autofiction, d'où l'interrogation sur ces genres et sur l'hybridité (mélange de fiction et d'autobiographie).
Benaouda Lebdaï s'attache par la suite à la critique féministe. «Parler d'écriture féminine, s'interroge-t-il, est-ce accepter une ghettoïsation ?» Il y répond avec divers outils d'analyse, avant d'aborder la partie conclusive de son ouvrage sur les études postcoloniales et leur évolution. Il souligne alors que «le concept postcolonial est appelé à être remplacé afin de modifier certaines postures intellectuelles, non pas pour la terminologie uniquement, mais pour transcrire une nouvelle version des littératures africaines». Et il avance ainsi la nécessité de promouvoir et défendre le concept de «transculturalité», seul à même, à ses yeux, de saisir la complexité du champ littéraire africain. Ce concept aurait dû structurer peut-être le titre de l'ouvrage, du fait de son importance et de sa nouveauté d'approche pour le domaine considéré.
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant dans cet ouvrage, a priori docte (et il l'est), c'est son caractère vivant. A côté des développements historiques et des analyses critiques, les détails apportent parfois des arguments pratiques à la théorie, mais aussi quelques illustrations étonnantes. On y découvre de nombreux écrivains, ignorés parce qu'ils n'appartiennent pas à la même aire de domination linguistique de l'époque coloniale, prolongée dans la période post-coloniale. On est aussi amené à «revoir» des écrivains connus, mais vus ici sous l'angle d'une approche continentale qui leur donne une autre dimension et, parfois, une autre signification. Le fait aussi que Benaouda Lebdaï ait beaucoup voyagé en Afrique et rencontré de nombreux auteurs dans leur environnement quotidien, qu'il en ait interviewé des dizaines au titre de critique journalistique, apporte un éclairage intéressant. L'anecdote surgit parfois au milieu du texte pour les besoins d'illustration, mais aussi de découverte.
Ainsi, ce passage sur les marchés populaires du livre au Ghana ou au Nigeria, «même si ce qu'on y vend ne soit pas de la grande littérature». Benaouda Lebdaï décrit alors l'achalandage de ces souks littéraires : «Ce sont des romans courts, des novellas, avec des intrigues simples, des histoires d'amour, de princes charmants et de bergères, des histoires de relations entre les gens des villes et ceux de la campagne, des histoires de prostituées, de viols, de filles sauvées par de belles histoires d'amour». L'auteur montre aussi combien les lectorats sont plus nombreux qu'on ne l'imagine, puisqu'un même livre est lu par une grande quantité de personnes qui ne sont pas répertoriées statistiquement, ce qui exclut toute mesure réelle de la diffusion des ouvrages.
De la littérature africaine aux littératures africaines est une contribution précieuse qui concerne particulièrement les universitaires, les critiques et les étudiants. Mais elle peut intéresser un public un peu plus large d'amoureux et de curieux du livre et/ou de l'Afrique.
*De la littérature africaine aux littératures africaines, lecture critique postcoloniale, recueil de Benaouda Lebdaï. Editions du Tell, Blida, 2009. 130 p.


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