L'intérêt du colloque, qui se tiendra du 1er au 5 avril, est de non seulement rapprocher les pays du continent, mais aussi de donner une image dynamique de l'Université de Tamanrasset en montrant la nécessité de décentraliser le savoir et la recherche. Deux autres universités seront de la partie, en tant que coorganisatrices : celle d'Angers en France avec le groupe de recherche Grilua, et celle d'Alger avec le groupe de recherche du Département de français. Les initiateurs et animateurs, Mmes Afifa Bererhi, Amina Bekkat et M. Benaouda Lebdaï, ont choisi pour thème « La littérature africaine au XXIe siècle : sortir du post-colonial ». Il s'agira d'interroger la situation de la littérature africaine en ce début de XXIe siècle en approfondissant la réflexion sur l'évolution de la création littéraire dans les différentes régions d'Afrique, et principalement celles où cette littérature s'exprime en français et en anglais. Ainsi, les participants focaliseront leur attention sur certains pays : l'Algérie, le Mali et le Sénégal pour la partie francophone, et le Ghana, le Nigeria et l'Afrique du Sud pour la partie anglophone. L'objectif n'est pas de dresser un inventaire de ces littératures africaines, riches et foisonnantes, ni de revisiter la création littéraire de la période coloniale ou de la période qui a suivi les indépendances, mais d'analyser la création littéraire la plus récente, celle des années 1990 à nos jours et ce, principalement à travers le roman. Au programme : répertorier et analyser les nouvelles tendances, discuter des nouvelles pistes d'expression littéraires, souligner les nouvelles préoccupations des romanciers au niveau des thèmes mais, aussi et surtout, au niveau des techniques d'écriture. L'accent sera mis sur la critique littéraire et notamment de sa terminologie qui veut que l'on définisse encore cette littérature comme postcoloniale, près de quarante ans après les indépendances. Ne se cache-t-il pas une idéologie derrière ce marqueur de temps ? En effet, doit-on toujours parler de littérature postcoloniale et, si oui, jusqu'à quand ? Ne peut-on inventer et proposer une nouvelle terminologie ? Ne faut-il pas sortir de cette référence constante au colonialisme ? Ou alors, est-il trop tôt pour le faire ? Le colloque traitera de ces questions par rapport aux romanciers de ce début du XXIe siècle. Le choix des écrivains et des œuvres à débattre durant ce colloque a tenu compte de ces problématiques afin d'aboutir à des résultats qui devraient, par le biais d'un dialogue comparatif entre littératures francophones et les littératures anglophones africaines, à démontrer que ces littératures en langues européennes existent bel et bien, en tant qu'ouverture des peuples africains sur le monde, et en tant qu'accès du monde pour mieux les connaître. Ainsi, les chercheurs universitaires dans ce domaine auront comme tâche de proposer de nouvelles terminologies critiques dans un souci d'évolution et dans un souci de libération d'un appareil conceptuel historique sans doute dépassé. Les invités d'honneur de ce colloque seront deux romanciers : le Guinéen Tierno Monenembo et l'Algérien Amine Zaoui (pour les deux, voir Arts & Lettres du 8 mars, ndlr). La dimension internationale de la rencontre s'appuie sur la participation de spécialistes de onze pays : Guinée, Gambie, Burkina Faso, Australie, Etats-Unis, Angleterre, France, avec aussi l'île de La Réunion, Allemagne, Canada, Afrique du Sud et, bien entendu, l'Algérie avec des universitaires d'Oran, d'Annaba et d'Alger. La littérature africaine sera à l'honneur au fin fond du Sahara.