Le Festival panafricain tire à sa fin. Un seul constat : de l'argent est déboursé pour un résultat dérisoire. Point n'est pour nous de jouer les rabat-joie, mais peut-on réellement vouloir organiser un grand événement en y consacrant juste des sommes d'argent ? « Etre cousu d'argent » n'excuse pas d'être un bon gestionnaire. Les hôtes de l'Algérie nous ont offert plus que l'on peut leur proposer en contrepartie. Les équipements ne suffisent plus pour ce festival décidé pour « redorer notre blason » et faire revenir, comme l'explique le slogan creux du Panaf', l'Afrique en Algérie. En plus d'être de piètres élèves en géographie, les gens chargés de la culture chez nous sont de mauvais bâtisseurs. Les mêmes infrastructures ouvertes 40 ans avant, sinon moins, abritent une partie des événements du festival. Ni la Cinémathèque algérienne de la rue Larbi Ben M'hidi, encore moins la salle Ibn Khaldoun, où des travaux tirent en longueur depuis des années, n'ont été ouverts au public qui y prenait pied en 1969. Les salles de cinéma ont presque toutes fermé depuis et les rares salles où des travaux sont menés sont devenues des gouffres financiers. Les APC auxquelles ont été confiés ces espaces les laissent fermées dans l'espoir de les voir transformer en supérettes. Le Théâtre national d'Alger, le TNA, dont la charpente a failli disparaître à cause d'un incendie, connaît toujours des travaux qui coûteront plusieurs millions de centimes. La structure qui donne en partie sur la rue Bouzrina (ex-rue de la Lyre) à la Basse Casbah est prise en charge par le même entrepreneur. La même couche infecte posée sur les pierres de l'édifice ferait s'affaisser un jour toute cette structure où Napoléon le petit empereur de France, a assisté à une représentation de Rigoletto le 11 mai 1865. Les responsables de l'ex-Opéra municipal auraient mieux fait de mener des travaux, plusieurs jours avant la tenue du Panaf, et avec l'autorisation du wali. Sollicitée, la directrice de la culture, Mme Sator, pourtant responsable du secteur à Alger, nous a affirmés que seuls les services du ministère peuvent s'exprimer sur de tels cas. Suprême hérésie ! A part le « village artistique » — des barres d'immeubles lugubres — rien n'a été ouvert aux hôtes de l'Algérie. Au tiers-mondisme de l'époque semble succéder la désillusion. N'en déplaise à l'éditorialiste du second numéro du magazine du Panaf', qui parlera de pays africains qui se « redressent », nos pays connaissent toujours des problèmes structurels. Mais ce festival nous donne une seule satisfaction, celle de voir Gabriel Okoundji, le génial Alain Mabanckou, Amazigh Kateb l'iconoclaste enjoué, ou encore Ebodé Eugène. Des noms qui disent la résistance des jeunes contre les rentiers.