Le moins qu'on puisse dire est que le 2ème Festival panafricain, le Panaf comme on se plaît à l'appeler, que l'Algérie se prépare à accueillir dans un peu plus d'un mois, est plutôt mal emmanché. Aucun signe annonciateur de ce qui est présenté comme la grand-messe de la culture africaine, à laquelle 48 pays membres de l'Union africaine ont annoncé leur participation. On a bien eu droit à des conférences de presse et des rencontres aux cours desquelles des responsables nous affirmaient mordicus que le Panaf sera une réussite totale, avec un programme touffu, riche et de haute facture. On sait que cette deuxième édition du festival vise la promotion de la culture africaine et se distingue de la précédente caractérisée par une culture militante et engagée qui soutenait tous les mouvements de libérations de peuples africains. Mais rien de plus. En dehors des discours, promesses et professions de foi, on ne sent pas l'approche de cet événement continental. Il n'y a pas cette ambiance de fête, cette animation et cette fièvre qui précèdent un festival de cette ampleur, dans la capitale du pays hôte qui plus est. Par contre, on apprend qu'un budget a été consacré pour le transport, l'hébergement et la restauration de toute une délégation d'officiels qui s'est déplacée à Cannes non pour présenter un film, mais juste dévoiler l'affiche du 2ème Festival panafricain et promettre que l'Algérie sera à Cannes l'année prochaine !? Pourquoi aller dans une ville française pour parler d'une manifestation qui se déroulera à Alger et qui ne concerne ni de près ni de loin la France, Cannes ou ses invités ? Avait-on besoin de débourser des sommes d'argent pour aller à Cannes uniquement afin de montrer une affiche qui devrait être en premier lieu placardée sur tous les panneaux en Algérie et montrée aux Algériens ? Avait-on besoin de débourser des sommes d'argent pour payer rubis sur l'ongle le voyage de toute une délégation dont la mission est uniquement de faire la promesse que le cinéma algérien, qui est encore à l'état embryonnaire, sera représenté au Festival international du film de Cannes ? Le Festival panafricain n'a pas besoin de ce genre de publicité, et à ce prix, mais d'une réelle implication de tous ceux qui, moyennant rétribution, se sont engagés à en faire une réussite tant sur le plan de l'organisation que sur ceux de la programmation et de la promotion. Or, à voir les voiles entourant l'organisation, le financement, la préparation du festival dont l'affiche se dévoile ailleurs, on est en droit de douter de tout et de tous. Les responsables, à leur tête la ministre de la Culture, doivent reprendre en main les leviers d'aiguillage s'ils entendent éviter un déraillement du festival ou son orientation vers une voie de garage où il ne sera visible qu'aux yeux de ceux qui l'y auront parqué. Le Panaf a besoin de public, mais on doit donner à ce public un avant-goût de la fête à laquelle on le convie si on veut qu'il y adhère. Et ce n'est pas à partir de Cannes et/ou des bureaux feutrés et climatisés qu'on risque de réussir ce tour de force. H. G.