Baptisé Google Chrome OS, il devrait être disponible dès le second semestre 2010 sur des ordinateurs ultraflégers. La décision de Google de lancer son propre système d'exploitation pour ordinateurs est une attaque directe contre le géant Microsoft, visé dans son cœur de métier, mais certains spécialistes restent sceptiques sur ses chances de succès. Le géant internet Google a annoncé mercredi qu'il allait lancer un système d'exploitation — le logiciel qui fait tourner l'ordinateur — baptisé Google Chrome OS, qui devrait être disponible dès le second semestre 2010 sur des ordinateurs ultra-légers. « Google lâche une bombe atomique sur Microsoft », titrait le site internet TechCrunch. « Bam, Google vise en plein dans le ventre de Microsoft », titrait de son côté All Things Digital, autre site spécialisé, appartenant au groupe du Wall Street Journal. En fait, ce n'est qu'une escalade de la guerre entre les deux géants américains de la high-tech, cette annonce intervenant à peine plus d'un mois après que Microsoft a affiché de nouvelles ambitions dans la chasse gardée de Google avec son nouveau moteur de recherche Bing. Et Google, qui depuis plusieurs mois grignote de plus en plus le marché de Microsoft avec ses services en ligne gratuits (messagerie, calendrier, tableurs, traitements de texte et de photos etc.), a certains atouts pour se lancer dans le système d'exploitation, malgré l'implantation de Windows dans quelque 90% des ordinateurs mondiaux. L'avantage le plus évident est la gratuité : elle rend le système Chrome particulièrement attractif pour les amateurs de « netbooks », ces ordinateurs à bas prix qui à eux seuls soutiennent actuellement le marché. « Si vous achetez un netbook à 300 dollars et que les logiciels coûtent 500 dollars, c'est moyen comme valeur, mais maintenant vous pouvez acheter le netbook à 300 dollars et le système d'exploitation est gratuit », souligne l'analyste Christa Quarles, de la société de courtage Thomas Weisel Partners. Et du côté des fabricants : « C'est génial, je peux en vendre plein et ça ne change rien à mes bénéfices », ajoute Mme Quarles. Google bénéficie également de son expérience dans l'offre de services en ligne, sa spécialité, alors que Microsoft a construit sa puissance « avant les connexions rapides et internet, et donc est d'une certaine façon un anachronisme » dans le contexte actuel, selon Mme Quarles. Mais beaucoup modèrent leur enthousiasme. La sortie du système d'exploitation Chrome n'est attendue qu'à l'automne 2010 — un an après le nouveau système de Microsoft, Windows 7, un succès critique qui se vend déjà très bien. Windows 7 « est en tête des listes de best-sellers chez 7 des 12 principaux vendeurs en ligne, et 90% des détaillants en font la promotion sous forme d'actualisation (du système en vigueur Vista) plutôt que dans le cadre de l'achat d'un nouvel ordinateur, ce qui nous conforte dans l'idée que (Windows 7) va être rapidement adopté », écrivaient mercredi des analystes de la Deutsche Bank. Au cabinet de marketing Gartner, l'analyste Michael Silver soulignait que « ça prendrait longtemps à Google pour prendre une part de marché significative », évoquant une « menace » pour Microsoft à l'horizon de 3 à 5 ans. Mais pour Peter Kafka, de All Things Digital, l'important pour Google est d'ouvrir un nouveau front : « Le but principal est de forcer Microsoft à défendre son cœur de métier, ce qui lui rend la tâche plus difficile pour attaquer la puissance de Google dans les recherches. » A.F.P., Samir Ben