Le Pacte détaille en tout 23 objectifs. Parmi eux : lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d'origine. Le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies, adopté en juillet, a été formellement approuvé hier à Marrakech, après la proclamation orale, devant quelque 150 pays réunis en conférence intergouvernementale. «Ce moment est le produit inspiré d'efforts», a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture des débats. «Nous ne devons pas succomber à la peur ou aux faux narratifs» sur la migration, a-t-il dit. M. Guterres a dénoncé les «nombreux mensonges» propagés sur cet accord, qui doit désormais faire l'objet d'un ultime vote de ratification, le 19 décembre, à l'Assemblée générale des Nations unies. Il a tenu ce discours en raison du fait qu'en Europe, les partis d'extrême droite et les populistes brandissent le Pacte comme un épouvantail à l'approche des élections européennes de mai 2019. En quoi consiste ce Pacte ? D'environ 40 pages, il vise à renforcer «la coopération internationale en matière de migration entre tous les acteurs compétents, sachant qu'aucun Etat ne peut gérer seul la question des migrations». La sensibilité du sujet a poussé plusieurs pays dans le monde à renier leurs engagements en faveur de ce texte pourtant «juridiquement non contraignant». L'avantage est qu'il «respecte la souveraineté des Etats et les obligations que leur fait le droit international». «Les migrations ont indéniablement des répercussions très différentes et parfois imprévisibles sur nos pays ainsi que sur les communautés et les migrants et leur famille (…), mais (…) il est crucial que nous ne nous laissions pas diviser et que nous restions unis face aux difficultés que posent les migrations internationales et aux occasions qu'elles offrent», est-il écrit dans l'un de ses chapitres. «Les migrations font partie intégrante de la mondialisation, reliant entre elles les sociétés d'une même région et d'une région à l'autre, et faisant de nous tous des pays d'origine, de transit et de destination», affirme encore le document. Sauver des vies En termes d'objectifs, le pacte en question compte «faciliter des migrations sûres, ordonnées et régulières, tout en réduisant l'incidence et les répercussions négatives de la migration irrégulière, grâce à la coopération internationale et à l'ensemble de mesures proposées dans le présent Pacte mondial». «La migration ne devrait jamais être un acte désespéré. Lorsque c'est le cas, nous devons coopérer en vue de répondre aux besoins des migrants en situation de vulnérabilité et de résoudre les problèmes qui se posent», soutient le document qui se proposer par ailleurs d'œuvrer pour créer des conditions qui permettent aux communautés et aux individus de vivre en sécurité et dans la dignité dans leur propre pays. Le Pacte détaille en tout 23 objectifs. Parmi eux : lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d'origine, sauver des vies, renforcer l'action transnationale face au trafic de migrants, ne recourir au placement des migrants en rétention administrative qu'en dernier ressort, ou encore assurer l'accès des migrants aux services de base. Coopérations multiformes S'agissant de la mise en œuvre du Pacte, ses signataires se proposent de coopérer aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral et en donnant un nouveau souffle au partenariat mondial, dans un esprit de solidarité. «Nous décidons, en nous inspirant des initiatives existantes, de créer un mécanisme de renforcement des capacités au sein du système des Nations unies, dont le rôle sera d'appuyer les efforts déployés par les Etats membres pour mettre en œuvre le Pacte mondial», est-il mentionné dans le document. Les signataires s'engagent aussi à créer «une plateforme mondiale de connaissances qui servira de source publique de données en ligne» sur les migrations, ainsi qu'un «réseau des Nations unies consacré aux migrations» confié à l'Organisation internationale pour les migrations. A noter que huit pays se sont retirés du processus après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York. Il s'agit de l'Autriche, de l'Australie, de la République tchèque, de la République dominicaine, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Pologne et de la Slovaquie. Six ont souhaité plus de consultations internes (Belgique, Bulgarie, Estonie, Italie, Slovénie et Suisse). Les Etats-Unis, qui s'étaient retirés de l'élaboration du texte en décembre 2017, le jugeant contraire à la politique d'immigration du président Donald Trump, ont lancé vendredi dernier une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de «gouvernance mondiale». Malgré cette opposition, Antonio Guterres s'est dit confiant sur la suite du processus : «La réponse a été donnée par plus de 150 pays qui sont venus ici, cela permet de mesurer les applaudissements.»