Rentrant dans son projet de sauvegarde et de la promotion du patrimoine immatériel du pays, l'association Tajmaât n Jebla a célébré, samedi dernier, le début du printemps (Amenzu n' Tafsuyt). Deuxième du genre dans la wilaya, après celle organisée par l'association Imghane d'Ighil Outouaf de Timezrit en 2009, cette célébration a été un grand moment de détente et de convivialité. Au programme, une exposition photographique sur le projet pionnier de l'association portant sur l'aménagement et la restauration d'un ancien village kabyle, Djebla. Ont figuré aussi au menu une projection d'un documentaire sur le projet de restauration et une visite guidée de l'ancien village en plein réhabilitation, le tout agrémenté par un déjeuner traditionnel collectif Seksou ouderyis, un couscous aux légumes cuits à la vapeur d'une décoction de plusieurs plantes dont notamment les racines du faux fenouil ou le Thapsia garganica. «Cette célébration sert d'appui à notre projet de restauration. Nous voulons à travers cette journée donner tout son sens à notre projet, car au-delà de sauver notre patrimoine matériel de l'usure du temps et de la disparition, nous voulons aussi se réapproprier tout ce qui fait notre personnalité», nous déclare Ahmed Farid, le président de l'association Tajmaât n Jebla. Il y avait foule ce samedi à Djebla. Une foule bigarrée d'hommes et de femmes venus renouer avec leurs saines traditions ancestrales. L'espace d'une journée, la petite localité de Beni Ksila est devenue un véritable lieu de pèlerinage. On y affluait de partout. On vient pour se régaler du spectacle émouvant qu'offre ce village en pleine restauration et partager un plat traditionnel au goût insoupçonné. D'ailleurs, ceux qui ont goûté pour la première fois à ce repas ont pris à la lettre la recommandation des animateurs et des serveurs : «Ne pas boire après le repas». Plat dépuratif, Seksou Uderyis, d'après la tradition, semble-t-il, n'est efficace et ne garde ses vertus que s'il n'est pas suivi immédiatement d'eau. Une grande animation régnait dans le village. L'on se bousculait pour visiter les maisons restaurées. Le site respire le calme et la sérénité et cela plaît énormément surtout aux immigrés et à ceux excédés par les tumultes des villes. Le projet de restauration initié par l'association Tajmaât n Djebla avec l'aide de l'Union européenne dans le cadre du projet d'appui aux associations algériennes de développement (ONGII) et des autorités locales (APC, APW) a séduit tous les visiteurs. On n'entend que des mots de respect et d'encouragement pour les promoteurs du projet. «Je remercie l'association Tajmaât n Djebla qui a initié cet événement. Nous l'avons aidé pour concrétiser le projet de restauration de l'ancien Djebla, notamment en prenant en charge dans le cadre des PCD la réalisation des réseaux AEP, d'assainissement et le pavement des ruelles en pierre et non pas en béton comme cela a été prévu au départ. Nous serons toujours à l'écoute de notre jeunesse et nous espérons voir se créer une autre association qui prendra en charge la restauration de l'ancien village d'Aït Mendil», nous déclare Hanoune Ferhat, le P/APC de Beni Ksila. Boumezrague Abdelkrim et Daghi, ses deux adjoints, sont, pour leur part, contents de la dynamique prise ces derniers temps par les Djemâa. «Le rôle des djemâa est essentiel pour le développement local» affirme Daghi. Tajmaât n Jebla a, de l'avis de tous, réussi son pari. C'est une association, comme ce printemps, en plein épanouissement