Sept familles composées de plus de 50 membres vivent quasiment à l'air libre, en plein cœur de Skikda. Elles ont frappé à toutes les portes sans résultat. Ces familles habitent la rue Brahim Chaâbane, communément appelée Drouj El Bouchoune. « Je suis né dans cette pièce, j'y vis toujours », témoigne un des locataires, aujourd'hui grand-père âgé de 70 ans. Une autre grand-mère, renchérit : « J'ai élevé mes enfants dans ces lieux…aujourd'hui nous sommes trois familles à partager ces ruines. J'ai même deux enfants célibataires âgés de…40 ans ! » Un autre locataire, habitant au premier étage, insiste pour nous montrer sa cuisine. C'est un espace de un mètre carré dont le toit est confectionné en plastique. Au rez-de-chaussée, les traces de deux effondrements sont encore visibles. « C'était, dit-il, il y a plus de vingt ans déjà. Le toit de deux pièces s'est affaissé et depuis on vit la peur au ventre. » A côté, une mère nous montre l'une de ses deux pièces : « Regardez et constatez par vous-même, on vit vraiment dans le danger ! » Effectivement, pour éviter aux poutrelles en bois qui soutiennent les tuiles de tomber, on a emboîté des casiers en plastique sur une hauteur de deux mètres et on les utilise comme un mat de soutien. La construction de cette maison, propriété privée, remonte à…1896. Il suffit juste de voir sa façade lézardée et texturée pour comprendre que l'intérieur est totalement en ruine. En 1995, deux effondrements partiels avaient faillit causer des drames. Depuis, aucune solution n'a été apportée. Pourtant, lors de cet effondrement, le CTC avait préconisé de désaffecter les lieux. Le compte rendu de l'expertise mentionnait noir sur blanc ce qui suit : « Suite aux dégradations excessives des éléments principaux, notre organisme déclare que l'immeuble est menaçant ruine ce qui nécessite l'évacuation de ses occupants. »