La police a tué par balle, hier, deux « suspects » ouïghours dans le quartier musulman d'Urumqi, où la tension restait très vive huit jours après les pires émeutes ethniques, en Chine, ces dernières décennies. Ces nouveaux troubles ont eu lieu en dépit d'une sécurité omniprésente dans la capitale du Xinjiang (nord-ouest) et ont provoqué une démonstration de force de la police antiémeute, armée de fusils semi-automatiques, qui a immédiatement bouclé le quartier. « Selon les premières informations, des membres de la sécurité publique qui patrouillaient ont repéré un groupe de trois contrevenants présumés ouïghours, munis de longs couteaux et de bâtons, qui prenaient en chasse un autre Ouïghour », a annoncé le gouvernement d'Urumqi dans un communiqué. « La police a, en toute légalité, ouvert le feu, faisant deux morts chez les suspects et blessant un (autre) suspect. » C'est la première fois que les autorités annoncent que la police a tué des civils, alors que la dissidence ouïghoure en exil affirme que des membres de leur communauté « ont attaqué les soldats avec de grands couteaux et se sont fait tirer dessus ». Ces événements interviennent huit jours après les émeutes qui ont fait au moins 184 morts à Urumqi, lorsque des émeutiers ouïghours s'en sont pris aux Hans, l'ethnie majoritaire en Chine. Les émeutes ont également fait 1680 blessés, dont 216 dans un état grave, selon le dernier bilan officiel. La dissidence ouïghoure en exil a évoqué un bilan de plusieurs milliers de morts et affirmé que les émeutes avaient éclaté après la répression brutale par la police d'une manifestation pacifique de Ouïghours.