Ces nouveaux troubles ont eu lieu en dépit d'une sécurité omniprésente dans la capitale du Xinjiang (nord-ouest) et ont provoqué une démonstration de force de la police antiémeute. La police a tué par balles hier deux «suspects» ouïgours dans le quartier musulman d'Urumqi, où la tension restait très vive huit jours après les pires émeutes ethniques en Chine en des décennies. Ces nouveaux troubles ont eu lieu en dépit d'une sécurité omniprésente dans la capitale du Xinjiang (nord-ouest) et ont provoqué une démonstration de force de la police antiémeute, armée de fusils semi-automatiques, qui a immédiatement bouclé le quartier. «Selon les premières informations, des membres de la sécurité publique qui patrouillaient ont repéré un groupe de trois contrevenants présumés ouïgours, munis de longs couteaux et de bâtons, qui prenaient en chasse un autre Ouïgour», a annoncé le gouvernement d'Urumqi dans un communiqué. «La police a, en toute légalité, ouvert le feu, faisant deux morts chez les suspects et blessant un (autre) suspect». C'est la première fois que les autorités annoncent que la police a tué des civils, alors que la dissidence ouïgoure en exil affirme que des membres de leur communauté ont été tués le 5 juillet par les forces de l'ordre. Ces Ouïgours «ont attaqué les soldats avec de grands couteaux et se sont fait tirer dessus», a dit un témoin. «J'ai entendu ce qui ressemblait à une dizaine de coups de feu et puis plusieurs boums. Nous avons ensuite vu plein de gens courir», a affirmé un médecin ouïgour. Les forces de l'ordre ont ensuite repoussé quelque 200 personnes du bazar, le marché oriental, et bouclé provisoirement le quartier. Ces événements interviennent huit jours après les émeutes qui ont fait au moins 184 morts à Urumqi, lorsque des émeutiers ouïgours s'en sont pris aux Hans, l'ethnie majoritaire en Chine. Les émeutes ont également fait 1.680 blessés dont 216 se trouvaient dans un état grave, selon le dernier bilan officiel. La dissidence ouïghoure en exil a évoqué un bilan de plusieurs milliers de morts et affirmé que les émeutes avaient éclaté après la répression brutale par la police d'une manifestation pacifique de Ouïgours. Hier matin, des commerçants avaient entrepris de réparer leurs devantures endommagées dans la flambée de violence du 5 juillet. Mais quatre jours après que les autorités eurent annoncé que la situation était «sous contrôle» à Urumqi, des centaines de policiers continuaient leurs patrouilles. Durant le week-end, Zhou Yongkang, un des neuf membres du bureau politique du Parti communiste, a appelé, au 3e jour d'une visite dans le Xinjiang, à ériger un «mur d'acier» contre les «forces hostiles», selon l'agence Chine Nouvelle. Des bannières rouges flottaient dans la ville, barrées de slogans: «Vive l'unité des groupes ethniques» ou encore «A bas la menace séparatiste». Des camions sillonnaient aussi la capitale régionale, équipés de haut-parleurs qui diffusaient des messages appelant le peuple à coopérer et à maintenir la stabilité sociale. La presse chinoise s'est faite hier l'écho de la douleur des familles à la recherche de proches disparus, alors que les deux maisons funéraires désignées étaient pleines de victimes. Une semaine après les émeutes, seuls 63 corps avaient été récupérés par les familles, ont précisé les médias. «Je ne peux pas décrire l'état d'esprit de ces familles quand elles viennent réclamer les corps. Comment accepter que ceux que l'on aime meurent de cette façon? Tout notre personnel pleure avec elles», a dit le responsable d'une des deux morgues au China Daily.