Portraits rapides de ces trois journaux que le destin a réuni. El Watan est un quotidien généraliste édité en langue française. Il a été fondé le 8 octobre 1990 par vingt journalistes issus du journal gouvernemental El Moudjahid. Quand ce quotidien a été lancé, l'Algérie venait d'adopter une nouvelle Constitution qui visait à libéraliser la scène politique et à autoriser le pluralisme des médias. Ils ont ainsi décidé de s'embarquer sur ce qui a été assimilé à une «aventure intellectuelle» par Mouloud Hamrouche, un des promoteurs du pluralisme médiatique et chef de gouvernement «réformateur» d'alors. Ligne éditoriale déclarée : élargir la brèche ouverte dans la cuirasse du système du parti et de la pensée uniques et fournir une tribune aux forces sociales mobilisées sous la bannière du pluralisme politique et culturel et du libéralisme économique. Ils se lancèrent à la conquête d'un lectorat rétif au conformisme politique et à la langue de bois. Premier journal indépendant en Algérie, il est actuellement tiré à 150 000 exemplaires avec un taux d'invendus estimé à 12%. Son directeur Omar Belhouchet est un journaliste connu dans le milieu de la presse. Rapidement devenu le journal de référence en Algérie, il s'est distingué par son objectivité vis-à-vis de l'information. Il publie des suppléments hebdomadaires (Economie, Immobilier) et une édition du week-end. Sa distribution est assurée sur tout le territoire national. El Watan propose également une édition sur Internet. Le journal sert de source d'information aux opérateurs économiques et aux diplomates. Pour échapper aux pressions gouvernementales, El Watan a acheté sa propre presse rotative en 2002 avec le quotidien de langue arabe El Khabar. Elle a eu un impact sur la qualité et la diffusion du journal, notamment à travers l'introduction de la couleur. Elle a permis d'adopter une meilleure mise en pages que les lecteurs apprécient. En plus, elle a facilité l'introduction de nouveaux standards techniques. Outre sa propre rotative, El Watan possède sa propre agence de publicité. Elle s'est avérée être une étape vers l'autonomie financière. Parmi les plus gros annonceurs figurent des entreprises de téléphonie mobile, des marques de voitures et des sociétés informatiques. Une autre grosse source de revenus publicitaires sont les annonces classées. Le contenu hautement politique des premières années d'existence a laissé place à un contenu plus diversifié. El Khabar, l'information en arabe, est un journal généraliste indépendant en langue arabe. Fondé le 1 novembre 1990 et dirigé par un groupe de rédacteurs en chef et de journalistes, il est tiré à plus de 500 000 exemplaires, ce qui fait de lui l'un des premiers tirages de la presse en Algérie. Il appartient au groupe SPA El Khabar et emploie 215 personnes dont 75 journalistes. Il dispose de ses propres rotatives d'impression via sa filiale commune ALDP, d'une filiale de distribution de la presse KD Presse (1140 points de vente de presse répartis dans 18 wilayas de l'Est) et d'une régie publicitaire, El Khabar Pub. Derrière son succès se cache une stratégie de conquête du lectorat qui repose sur le traitement de thèmes comme le terrorisme, la religion et les affaires. La clef du succès : la nouvelle génération de lecteurs maîtrise mieux l'arabe. Le journal dispose de correspondants dans chacune des quarante-huit wilayas, ce qui favorise une information de proximité. Le Soir d'Algérie est un quotidien d'information en langue française fondé le 3 septembre 1990 par d'anciens journalistes de la presse unique. Il est tiré à 70 800 exemplaires.Son directeur de publication, Fouad Boughanem, a été condamné à plusieurs reprises par la justice. Le journal a connu un succès populaire à ses débuts. Il est réputé pour sa rubrique «Periscoop» qui révèle indiscrétions, bruits de couloirs et petites phrases des responsables politiques. Il a aussi de célèbres chroniques dont la plus fameuse est «Pousse avec eux !» de Hakim Laâlam qui vide son humour sur tout ce qui cloche au bas de la dernière page et ponctue ses chroniques avec «Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue».Il s'adresse essentiellement à un lectorat jeune.