Mohammed VI, septième plus riche roi au monde avec ses 2, 5 milliards de dollars de fortune personnelle, révèle le magazine américain Forbes. A 46 ans, il est déjà plus riche que Hassan II, son père. Si les holdings royaux — 2e capitalisation boursière de la Bourse de Casablanca —affichent un bonne santé financière, le Maroc profond commence lui à sentir les effets de la crise économique et financière mondiale. Licenciements de travailleurs et fermetures d'usines, surtout dans les textile, baisse des recettes fiscales, (-12% au premier tiers de l'année), chute de 19% des recettes générées par le tourisme, secteur qui participe à hauteur de 6% au PIB, retrait de nombreux investisseurs étrangers (Fadesa, Nissan, Portugal Télécom, Colony Capital, des fonds d'investissements du Golfe )... La crise est bien là. La Bourse de Casablanca qui a flambé de 70% en 2007 (les sociétés cotées ont fait plus de 35% de croissance) a le moral en berne. 25 à 30% de perte sur les valeurs boursières. Le chiffre d'affaires drainé par le marché financier recule de 11%. « Il s'agit davantage d'une correction du marché que d'une véritable récession », soutient, optimiste, Hamouda Djemai, expert boursier. Quand la presse du patronat, L'Economiste, La Vie Eco, Finances Hebdo relaie chaque jour les incertitudes des opérateurs économiques, le gouvernement lui tente vainement de rassurer. « Le Maroc est à l'abri de la récession économique », déclarait le Premier ministre Abbas El Fassi. Les rumeurs faisant état d'une perte sèche du roi dans le scandale Madoff, vite tues, le holding Siger/Ergis continue à tirer de mirobolants profits. Crise ou pas crise, le business du roi se porte comme un charme. Il ne fait pas grise mine : le groupe Sniona, dont le roi est actionnaire principal, la Société nationale d'investissement et l'Omnium nord-africain développent une pléthore d'activités : mines, matériaux de construction, agroalimentaire, distribution et banque, assurance… figurent au top 10 des sociétés qui ont réalisé le plus de bénéfices en 2008. Idem pour plus la grande banque du royaume, Attijariwafa bank, filiale du groupe SNI-ONA qui arbore, plus jamais, la forme olympique. Certes les plus-values stratosphériques dégagées en 2007 et 2008 suite à la cession de grosses filiales comme AXA Maroc, Amendis ne sont plus du rendez-vous, néanmoins les deux conglomérats de la famille royale, fonctionnent encore comme de véritable « machine à cash ». God Bless the king La famille royale contrôle également d'autres holdings : Sevam (emballage, embouteillage), les domaines agricoles royaux (12 000 ha cultivables, 150 millions de dollars de chiffre d'affaires), Primarios (mobilier), Compagnie chérifienne des textiles (CCT, textile, film de serre agricole)…. Mohammed VI, le Crésus marocain, occupe « la première place du classement relatif à l'accroissement des richesses pour l'année 2008 », selon la publication Forbes, spécialisée dans l'évaluation des fortunes des plus grandes célébrités. Une première place que justifierait la hausse importante des prix du phosphate sur les marchés mondiaux de matières premières. Le Maroc, qui détient près de la moitié des réserves mondiales de phosphate (gisements exploités par la famille royale) a extrait quelque 28 millions de mètres cubes de phosphate en 2008. L'Omnium nord-africain est propulsé du coup 3e producteur mondial après la Chine et les Etats-Unis. Dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros, et où la ceinture de pauvreté entourant les grands centres urbains s'élargie de plus en plus (plus de 5 millions de pauvres), les plafonds astronomiques atteints par le magot royal et le fastueux train de vie mené par Mohammed VI, frisent indéniablement, l'indécence. « Il y a là un vrai problème de prédation économique, d'accaparement illicite des richesses », selon Ali Amar. « Une confusion règne entre ce qui relève du patrimoine personnel du roi et de ce qui relève des biens de l'Etat ». La famille royale, souligne-t-il, « s'accapare des pans entiers de l'économie marocaine », décrédibilisant au passage tous « les discours sur le développement des infrastructures, du tourisme, des grande métropoles, sur les champions nationaux de l'économie, du libéralisme qui ne profite en définitive qu'à la famille royale et aux grands patrons ». Aucun développement, aucune démocratisation ne serait possible, prévient le journaliste, si au préalable, la question nodale de la redistribution des richesses n'ait pas été tranchée. « Casablanca, avec ses signes apparents d'opulence, contraste avec l'image renvoyée par sa périphérie, celle d'un pays plongé dans le Moyen-Age. Pour régler ce problème, le volontarisme économique ne suffit pas, encore moins les opérations caritatives initiées par la monarchie à destination des populations démunie. C'est une vision de développement global qu'il nous faut, des institutions fortes et indépendantes, un parlement qui n'est pas une caisse de résonance… ». Mohammed VI mènerait, selon le journaliste, « un train de vie de sultan des temps modernes ». Les dépenses somptuaires du palais donnent le vertige. Bourses sensibles, s'abstenir ! « Chaque année, le budget de l'Etat alloué à la monarchie s'élève à près de 300 millions d'euros. Les indemnités que perçoit sa famille proche atteignent 2,5 millions d'euros/an. Mohammed VI dilapide 40 millions d'euros par an en frais de voyages, 1 million pour la nourriture des animaux du palais, 6 millions pour le renouvellement de son parc automobile, près de 2 millions en dépenses vestimentaires chez les grands couturiers comme Gianfranco Ferre ou des stylistes en vogue comme Holland and Sherry ... »