La commune de Réghaïa, qui s'étend sur une superficie de 2700 ha, a connu à partir de 2003 un accroissement sans pareil de son tissu urbain, notamment en matière d'habitat précaire. Des sites intégralement nouveaux ont vu ainsi le jour en l'espace de quelques années seulement, particulièrement à El Karrouch, Oued Djakan, Ali Khodja, ou encore à El Bey… Cette extension représente environ 3000 baraques qui se sont, au fil du temps, greffées aux 10 sites de bidonvilles existants, dont les plus imposants restent incontestablement ceux du lieu-dit La Briqueterie, sur la route de Boudouaou (368 baraques) et celui d'El Karrouch(1120 baraques). En somme, le bidonville est devenu une véritable «forêt», où les pièces s'enchevêtrent avec une compacité telle que les allées, qui serpentent et épousent la topographie du lieu, arborent une étroitesse singulière, ne laissant, par endroits, qu'un unique passage. Cet agencement a longtemps favorisé les agressions, les vols et toutes sortes d'actes de banditisme. D'authentiques brigands sévissaient alors dans l'impunité la plus totale au niveau de ce bidonville et dans les deux principaux axes routiers qui le bordent, à savoir la route de Boudouaou et l'autoroute de l'Est, nous affirme-t-on sur place. Cela avant qu'une opération de lutte ne soit conduite par les services de sécurité et se soit soldée par l'arrestation de bandits de grands chemins. «Ce fut un temps où les voleurs s'attaquaient à des automobilistes, et même à des bus entiers de voyageurs», nous révèle un habitant du site. Cette affirmation est confirmée par la réalité du terrain où, il y a quelques semaines, des familles entières ont été délestées de leurs objets de valeur à l'intérieur de leurs véhicules par des brigands munis d'armes blanches. Tout cela s'est passé au niveau du barrage de gendarmerie de Réghaïa, ainsi que sur la route menant à Boudouaou. Par ailleurs, la commune de Réghaïa compte 16 autres bidonvilles qui se trouvent dans les fermes (houch), et qui connaissent les mêmes conditions de vie pitoyables. L'habitat précaire à Réghaïa accapare ainsi, selon un responsable local, une superficie d'environ 30 ha. Durant plusieurs années, les responsables de l'APC ont été incapables de limiter les extensions qu'ont connues ces sites, étant donné que, de 2003 à ce jour, ces derniers ont accusé une forte augmentation. Ces sites représentent aujourd'hui environ 30% du nombre de baraques existant avant 2003. La commune ne dispose paradoxalement d'aucun moyen pour le relogement de toutes les familles qui y vivent. «Il a été procédé, vers la fin du précédent mandat, au recensement de tous les bidonvilles. Par contre, il est du ressort de la wilaya de reloger ces nombreuses familles et cela dans le cadre du programme du président de la République ayant trait à l'éradication des bidonvilles dans la capitale», soutient M. Azizi, vice-président de l'assemblée. Et d'ajouter : «Nous n'avons, pour notre part, aucune information sur la date officielle du relogement de ces occupants.» Les habitants de ces bidonvilles, voyant ces derniers temps défiler une longue procession de bénéficiaires de nouveaux logements, attendent dans une interminable expectative leur tour qui, à vrai dire, tarde à venir. «Nous avons droit, à l'instar des autres habitants des bidonvilles d'Alger, à un relogement dans des appartements décents», s'écrient quelques habitants du grand bidonville d'El Karrouch. Cette revendication renseigne par la même occasion sur l'état d'effervescence qui règne dans ces lieux.