De Souk El Tenine à Draâ El Mizan en passant par Maâtkas, Ouadhias, Tizi N'Tléta et Mechtras, la réponse des préposés au guichet était la même : «Nous n'avons pas d'argent.» Les citoyens venus retirer leurs salaires, scandalisés par l'indisponibilité de liquidités, repartent bredouilles. Ils sont dans l'obligation de revenir le lendemain et de perdre des heures entières à faire l'inévitable queue devant les guichets du bureau de poste. Là encore, il faut composer avec les différentes déconnexions et les lenteurs de l'Internet quand les billets de banque sont disponibles. Au bureau de poste de Boghni, la donne est différente et l'argent cette fois ne fait apparemment pas défaut mais les retraits sont limités à vingt mille dinars et l'on vous impose deux mille dinars en pièces de cent dinars. Dès la matinée, l'agence est prise d'assaut par des usagers venus même de Bouira, de Lakhdaria et de Draâ El Mizan en plus de ceux de Maâtkas, de Ouadhias, de Tizi N'Tléta et de tous les villages avoisinants, transformant du coup l'agence en véritable marché. Un client rencontré sur les lieux fulminera : «Je suis venu de Draâ El Mizan, spécialement pour retirer mon salaire. Hélas, je ne peux pas le faire. Regardez cette longue file et puis on ne vous donne que 20 000 DA. Dans ce pays, tout est à refaire et à repenser. Les responsables de ce secteur doivent faire de l'ordre dans leur maison.»