La menace de cette maladie, prévient un technicien de l'agronomie, risque de porter un coup dur à l'agriculture dans les plaines côtières de Béjaïa où les produits des cultures maraîchères, notamment, sont plus orientés vers le marché que l'autoconsommation. Cette maladie qui ravage particulièrement des cultures potagères telles que la tomate, la poire et la pomme de terre, appelée également la « mineuse des tomates », explique notre interlocuteur, a été repérée en Algérie en 2008 en provenance de l'Europe et de l'Amérique du Sud. Tuta absoluta se propage la nuit à travers une mouche qui porte d'ailleurs le nom de cette maladie. L'insecte en question long de 7 mm s'attaque, chaleur aidant, aux fruits verts comme aux fruits mûrs. Compte tenu des pics de chaleur de ces derniers jours, la Tuta absoluta sévit encore et menace notamment les vergers et potagers. A Béjaïa, l'alerte à cette maladie dévastatrice des champs de culture a été récemment déclenchée. Des mesures préventives à même de protéger les espaces agricoles de la bande littorale ont été prises. La subdivision de l'agriculture d'Aokas a redoublé d'efforts, selon les déclarations de son chef, pour sensibiliser les agriculteurs et les accompagner dans la lutte contre cette maladie, ne serait-ce que pour diminuer les risques de contamination. La campagne a ciblé six communes du littoral, territorialement rattachées à la subdivision d'Aokas, à savoir Tichy, Aokas, Tizi n'berber, Souk El Tenine, Melbou et Tamrijt. C'est à l'issue de plusieurs rencontres tenues en juin passé et auxquelles ont participé les agriculteurs et en collaboration avec l'inspection de la protection des végétaux de Draâ Ben Khedda, que les participants sont parvenus à dresser un état des lieux quant à la progression de la Tuta absoluta. Désherbage, élimination des plantes suspectes ou atteintes, désinfection de l'intérieur et l'extérieur des serres ainsi que des sols cultivés sont autant de mesures préventives préconisées pour lutter contre cette maladie. Mieux encore, la protection des ouvertures des serres par l'utilisation des filets dits « insect-proof » et le recours aux pièges à phéromones, empêchant l'intrusion des insectes, sont également des méthodes indiquées aux agriculteurs pour maîtriser plus au moins la lutte contre cette maladie. « Nous avons procédé à la distribution de pièges au profit des agriculteurs et installé des cellules d'écoute en mettant à contribution des agents de vulgarisation mobilisés à travers les six communes », rassure un responsable de la subdivision d'Aokas. Chez les agriculteurs de la région que nous avons rencontrés, c'est l'appréhension et le désarroi. « En plus des effets induits par la chaleur et les incendies, la maladie risque de réduire considérablement la production locale en tomate et d'endommager plusieurs plantations de potagers et de vergers », s'inquiète Salem Mimoune, un agriculteur. L'inquiétude de ce dernier, tout comme les autres agriculteurs, s'explique aussi par la crainte de ne pas pouvoir assumer à eux seuls les frais induits par les traitements agricoles. « Rien que pour les traitements (insecticide et pesticide), j'ai dépensé plus 20 000 dinars », se plaint encore Salem. « L'Etat doit nous venir en aide en dédommageant les agriculteurs dont les plantations sont souvent ravagées soit par les maladies soit par les incendies et les inondations », renchérit Belkacem, un autre agriculteur. Subséquemment à la propagation de la Tuta absoluta, les agriculteurs, tout en justifiant les prix élevés des légumes, notamment la tomate, n'écartent pas une autre flambée des prix. En d'autres termes, l'humidité et la chaleur accentuée surtout par les incendies saisonniers ont leur incidence sur la production maraîchère d'une manière générale et en particulier sur la tomate dont les prix restent inabordables même en été.