Photo : Sahel Par Badiaa Amarni La réhabilitation et le développement de la Mitidja, ou du moins ce qui reste et subsiste de cette région agricole, est au centre des préoccupations des pouvoirs publics qui ont procédé, tout récemment, à l'organisation d'un séminaire sur le thème, abrité par l'Institut national de recherche en agriculture (INRA) d'El Harrach. La Mitidja, selon les responsables qui ont assisté à la rencontre, est concernée principalement par les programmes d'intensification de la céréaliculture, de production laitière, de semences et plants, de développement de la pomme de terre et de l'oléiculture et du renouveau rural. Tous ces programmes sont inscrits dans le cadre de la politique nationale de renouveau de l'économie agricole et de renouveau rural mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Pour concrétiser ces programmes nationaux dont bénéficie la Mitidja, le département de Rachid Benaïssa a mis en place des mécanismes et des dispositifs de soutien au profit des agriculteurs et des professionnels. Il s'agit en particulier du crédit de campagne RFIG, des aides accordées à l'acquisition de machines, matériels et équipements agricoles, de matériels d'irrigation économe, de serres multichapelle, d'engrais et de produits phytosanitaires, d'aides accordées pour le développement de l'arboriculture fruitière et l'oléiculture. Amélioration des rendements et contraintes Les programmes et les dispositifs de soutien devraient permettre de réhabiliter la Mitidja dans sa vocation agricole grâce à l'amélioration des rendements pour les principales productions de la région, à savoir l'agrumiculture et l'arboriculture, une plus grande diversification des productions végétales et animales, une allocation plus rationnelle des ressources en terres et en eau entre les différentes cultures pour une meilleure valorisation. Cependant, le renouveau de l'économie agricole dans la Mitidja se heurte à des contraintes dont les plus importantes sont des ressources en eau limitées et mal utilisées, une utilisation irraisonnée des fertilisants surtout pour les cultures maraîchères, une insuffisante maîtrise des itinéraires techniques en arboriculture fruitière (taille, fertilisation, irrigation…) ainsi que, pour les cultures maraîchères, une forte influence des maladies et des ravageurs, surtout sur les cultures maraîchères et arboricoles… Pour surmonter ces contraintes, en plus des soutiens financiers et matériels prévus dans le cadre des différents programmes nationaux, les professionnels du secteur agricole dans la Mitidja ont besoin d'un appui technique rapproché de la part des instituts techniques relevant du ministère de tutelle. Cet appui technique pourrait cibler une meilleure maîtrise de l'itinéraire technique pour les céréales, l'amélioration des rendements et de la qualité des productions de l'arboriculture fruitière et de l'agrumiculture, l'amélioration de la productivité et de la qualité de la production des cultures maraîchères, et l'identification des zones potentielles (piémonts et montagnes) pour de nouvelles plantations oléicoles. L'atelier organisé avait pour objectif aussi de définir le contenu du programme d'appui technique spécifique à la Mitidja. En fait, il s'agissait d'identifier le contenu précis de la demande en matière d'appui de la part des opérateurs du secteur, de définir les modalités d'intervention des instituts, et d'identifier aussi les formes de participation possibles des opérateurs locaux sur la base du principe qu'il s'agit de partenariat et non d'assistance. C'est-à-dire qu'il est aujourd'hui important de sortir de l'esprit d'assistanat et de développer la région dans un esprit qui repose sur le partenariat. La Mitidja est connue pour son potentiel agricole important, notamment à travers des conditions agro-écologiques très favorables, l'existence d'un très grand marché de proximité, et de structures de recherche, d'encadrement et de formation agricole. Des productions inférieures aux potentialités L'agriculture y est très diversifiée mais l'agrumiculture, l'arboriculture fruitière et les cultures maraîchères sont les plus représentatives aux côtés de l'élevage bovin laitier. Cependant, les niveaux des productions maraîchères restent inférieurs aux potentialités de la région, selon les professionnels, et ce, en raison du faible taux de mécanisation, du mode d'irrigation non économe, d'une faible maîtrise des itinéraires techniques (prévention et protection phytosanitaire, fertilisation raisonnée…), et de faibles investissements tant dans le matériel que dans les structures, entre autres, serres et moyens de conditionnement et de stockage. A propos des cultures sous serres, le projet de réhabilitation de la Mitidja vise le soutien à l'installation de 500 hectares de serres multichapelle à l'horizon 2014 et ce, à travers des actions de démonstration, de sensibilisation et d'incitation à l'acquisition de serres multichapelle. Pour le développement de la filière pomme de terre, ce même projet préconise un accompagnement pour la maîtrise des itinéraires techniques garantissant des rendements satisfaisants (travail de sol, fertilisation, irrigation intégrale des cultures, protection phytosanitaire…), l'accroissement de la production globale sur la base d'une exploitation intensive des terres, le développement de nouvelles aires de production et une veille phytosanitaire surtout pour les maladies à caractère épidémique entre autres, le mildiou de la pomme de terre. Pour le développement de la tomate industrielle, la démarche proposée dans le projet consiste à diffuser largement un protocole permettant une forte hausse des rendements reposant sur des règles d'entretien de la culture et de prévention des maladies, de même que des normes de préparation des sols. Pour l'ensemble des cultures maraîchères, le projet prévoit le soutien à l'organisation des professionnels du secteur. Pour l'agrumiculture et l'arboriculture fruitière, les niveaux de la production et de la productivité de cette filière restent aussi inférieurs aux potentialités de la région au même titre que les cultures maraîchères. Le vieillissement du verger, surtout le verger agrumicole dont près de la moitié est âgée de plus de 50 ans, la négligence ou la mauvaise réalisation de certaines opérations culturales telles que la taille des arbres ou la fertilisation des sols, un mauvais pilotage des irrigations et l'insuffisance du recours à l'irrigation localisée sont autant de problèmes qui freinent la production dans cette filière. Programme d'arrachage des vergers âgés Le projet de développement de la Mitidja pour ce qui est de cette filière prévoit l'amélioration de la production et des rendements sur le verger en établissant un programme d'arrachage des vergers âgés, malades et improductifs, la reconversion du système d'irrigation au système d'irrigation localisée, c'est-à-dire le goutte -à-goutte, l'amélioration des techniques de culture, et de veille phytosanitaire. Pour l'extension de l'arboriculture, elle sera faite sur la base d'un programme de développement élaboré en commun, de la détermination des variétés et porte-greffes adéquats, et d'une liste des communes qui devront être ciblées dans le cadre de ce programme. Il va sans dire que l'amélioration des compétences techniques des arboriculteurs sur la base d'un programme concerté de vulgarisation et de démonstration de même qu'un programme de formation sont requis. Bien sûr, des programmes pour «les fourrages et élevage», «sols-eau-climat», et «le développement durable des zones piémonts et de montagne» sont prévus. Pour mieux appliquer tous ces programmes destinés à réhabiliter la Mitidja, les professionnels évoluant dans le secteur au même titre que les techniciens et responsables des différents organismes de l'agriculture, étaient invités lors du séminaire consacré à ce dossier à formuler des amendements aux grands axes de ce projet couvrant la période 2009-2014, et des propositions claires à propos des interventions attendues de la part des instituts techniques. Tout ce travail de longue haleine pourra–t-il redonner à la Mitidja son lustre d'antan surtout lorsqu'on sait que le béton continue à prendre la place des terres agricoles ?