L'Europe a appris la leçon après l'épisode russe et l'objectif de l'UE doit être celui d'augmenter ses sources de gaz. » C'est en substance la déclaration d'Antonio Llardén Carratala, président de l'entreprise espagnole Enagas, gestionnaire technique du réseau gazier espagnol, dans un entretien accordé hier au quotidien espagnol ABC. Le président d'Enagas a déclaré que l'Espagne négocie actuellement « la viabilité d'un nouveau grand gazoduc entre l'Espagne et la France ». « Les négociations ont lieu au sein du groupe de travail European South Gaz Regional », affirme M. Llardén, qui souligne que l'initiative est présidée par le directeur général de l'énergie de l'UE et étroitement suivie par les gouvernements français, espagnol et portugais. Le projet en question longerait la côte méditerranéenne et permettrait d'établir « une capacité d'interconnexion de 7 à 7,5 milliards de mètres cubes de gaz dans les deux directions, relié avec Medgaz », a précisé le patron d'Enagas. « Pour le moment, nous avons un accord ferme pour doubler la capacité du gazoduc qui traverse la frontière jusqu'à 5 milliards de mètres cubes de gaz par an dans les deux sens », a encore affirmé M. Llardén. A une question sur les réticences françaises à établir une interconnexion avec l'Espagne en matière de transport de gaz, le président d'Enagas a déclaré que « les autorités espagnoles en charge de l'industrie et de l'énergie et Enagas s'investissent pour que la France, qui a fait preuve de "lenteur" dans ce dossier, accède à la demande espagnole ». « La France négocie avec intérêt depuis l'accession à la présidence de Sarkozy. » « Je crois que la prochaine présidence espagnole de l'Union européenne (premier semestre 2010) nous aidera à obtenir un accord », souligne encore le président d'Enagas. A propos de la date de la mise en marche du gazoduc, le responsable espagnol estime que des travaux devraient être finalisés en 2015. « L'interconnexion de Medgaz avec la France nous couvrira en cas de problème avec l'Algérie » A propos de Medgaz, M. Llardén a estimé que « le projet en cours de finalisation aura tout son sens pour l'Europe lorsqu'il sera doublé d'une interconnexion avec la France ». Un objectif à la réalisation auquel s'attellent les autorités espagnoles, note M. Llardén, pour « permettre ainsi à l'UE d'avoir une nouvelle source d'approvisionnement et aux entreprises énergétiques qui opèrent en Espagne d'avoir des clients au-delà des Pyrénées ». « Cela nous couvrira également en cas de problèmes avec l'Algérie », a déclaré encore le président d'Enagas. A une question justement sur ce que le journal qualifie de « dépendance » de l'Espagne vis-à-vis de l'Algérie en ce qui concerne son approvisionnement en gaz et les risques de survenue d'un malentendu entre les deux pays, le président d'Enagas répond : « J'espère que non. » « Notre degré de dépendance est beaucoup moindre que celui de l'Europe vis-à-vis de la Russie et grâce aux usines de regazéification, nous avons une diversification de l'origine du gaz », déclare M. Llardén, qui ajoute : « Si nous n'avions pas ces installations c'est sûr que la situation serait problématique. » Il conclut : « Notre unique antidote contre ce genre de situation est de pouvoir compter sur encore plus de capacités de regazéification et plus d'usines de stockage. »