L'Espagne négocie actuellement avec la France la "viabilité" d'un nouveau "grand gazoduc" entre les deux pays, qui longerait la côte méditerranéenne, a affirmé le président du gestionnaire du réseau gazier espagnol Enagas, dans un entretien publié dimanche. "Nous négocions actuellement la viabilité d'un deuxième grand gazoduc qui passerait par la côte méditerranéenne", a déclaré Antonio Llarden Carratala au quotidien espagnol ABC. Il "permettrait d'établir une capacité d'interconnexion de 7 à 7,5 milliards de m3 de gaz par an dans les deux directions, relié avec Medgaz", le gazoduc transméditerranéen, d'une capacité de 8 milliards de m3 de gaz par an, reliant l'Algérie à l'Espagne, qui doit commencer à fonctionner cette année, a-t-il précisé. "Pour le moment, nous avons un accord ferme pour doubler la capacité du gazoduc qui traverse la frontière, jusqu'à 5 milliards de m3 de gaz par an dans les deux sens", a-t-il souligné. La France "négocie avec intérêt depuis l'accès à la présidence de (Nicolas) Sarkozy", a ajouté M. Llarden Carratala. "Je crois que la prochaine présidence espagnole de l'Union européenne nous permettra de parvenir à un accord", a-t-il affirmé. "Cela serait positif pour les entreprises énergétiques qui travaillent en Espagne car cela leur permettrait d'avoir des clients au-delà des Pyrénées", a souligné M. Llarden Carratala. Selon le président d'Enagas, si un accord est trouvé, les travaux du nouveau gazoduc pourraient être terminés en 2015. Entrant en production au premier semestre de l'année prochaine le Medgaz, pour rappel, avait été approuvé dès 2003 par la Commission européenne comme projet d'intérêt commun dans les réseaux transeuropéens du secteur de l'énergie. L'obtention de toutes les autorisations administratives, tant du côté algérien qu'espagnol, a permis au conseil d'administration de la société Medgaz, qui s'était réuni le 21 décembre 2006 à Madrid, d'entériner la FID (Final Investment Decision) qui est en fait la décision finale d'investissement. L'investissement total est estimé à 900 millions d'euros. La construction avait été confiée en février 2007 à cinq entreprises multinationales. Il s'agit des japonaises Mitsui et Sumitomo, de la britannique Rolls Royce, l'italienne Saipem et du consortium hispano-français Técnicas Reunidas-Amec Spie. Mitsui et Sumitomo sont chargés de fournir les tuyaux en acier au carbone à haute résistance, Rolls Royce fabrique et installe les trois compresseurs de la station, qui élèveront la pression du gaz depuis la côte algérienne afin d'assurer sa traversée jusqu'en Espagne via la Méditerranée. Les travaux de construction du gazoduc ainsi que la station de compression de Beni Saf et du terminal de réception d'Almeria avaient débuté fin 2007 après l'obtention de toutes les autorisation nécessaires tant du côté espagnol qu'algérien. Grâce à ce projet, l'Algérie se place en pole position en matière de sécurisation énergétique d'une partie appréciable de l'Europe. Ce gazoduc est d'une grande importance autant pour l'Espagne que pour le reste de l'Europe. Il reliera directement les clients européens à la source d'approvisionnement en gisement de gaz naturel algérien. En matière de coût, il représente également le moyen le plus économique de transport de gaz naturel, selon le ministère de l'Energie et des Mines. La pose dans les eaux profondes du tronçon offshore sur une longueur de 210 kilomètres a débuté en mars 2008. Le projet Medgaz est mené par un consortium qui comprend la Sonatrach, les groupes espagnols Cepsa, Iberdrola et Endesa, ainsi que le français GDF Suez. Cette importante réalisation permettra à l'Algérie de se placer au premier rang des producteurs et exportateurs de gaz. H M.