Avant même que le gazoduc transméditerranéen Medgaz reliant l'Algérie à l'Espagne ne soit fonctionnel, il est déjà convoité par les Européens qui pensent de plus en plus à leur sécurité énergétique. Les crises gazières entre la Russie et l'Ukraine ont poussé les Européens à chercher d'autres fournisseurs, notamment l'Algérie, à travers le Medgaz, qui est d'une capacité de 8 milliards de m3 de gaz par an et qui devrait être lancé cette année. Les déclarations faites la semaine dernière par le président gestionnaire du réseau gazier espagnol Enagas, Antonio Llarden Carratala, au quotidien espagnol ABC montrent clairement cet intérêt affiché pour le Medgaz qui sera utilisé pour lancer un gazoduc entre la France et l'Espagne. On assiste donc aujourd'hui, devant le souci de sécurisation des approvisionnements, à une tendance mondiale à la multiplication des oléoducs et gazoducs «Nous négocions actuellement la viabilité d'un deuxième grand gazoduc qui passerait par la côte méditerranéenne», a-t-il déclaré avant d'ajouter : «Il permettra d'établir une capacité d'interconnexion de 7 à 7,5 milliards de m3 de gaz par an dans les deux directions, relié avec le Medgaz. Pour le moment, nous avons un accord ferme pour doubler la capacité du gazoduc qui traverse la frontière jusqu'à 5 milliards de m3 de gaz par an dans les deux sens», a-t-il également souligné. Et de se montrer rassurant quant à l'issue de ces négociations d'autant que l'Union européenne sera présidée dès 2010 par l'Espagne «Je crois que la prochaine présidence espagnole de l'Union européenne nous permettra de parvenir à un accord», a en effet affirmé à ce sujet M. Antonio Llarden Carratala en relevant l'impact positif qu'aura ce gazoduc sur les entreprises énergétiques espagnoles qui pourraient commercialiser le gaz algérien «au-delà des Pyrénées». Si un accord est trouvé, les travaux du nouveau gazoduc pourraient être terminés en 2015. Certes, ce projet en est toujours au stade des négociations mais il confirme clairement la volonté européenne de renforcer ses approvisionnements en gaz via l'Algérie pour faire face à une éventuelle rupture des approvisionnements via la Russie ou à la crise financière et économique mondiale, et pourrait contraindre le géant gazier russe Gazprom à reporter la mise en en œuvre du projet Chtokman, un des plus importants gisements gaziers de Russie. En effet, Gazprom qui avait déjà annoncé en juin avoir décidé de repousser d'un an, à la fin 2012, la mise en exploitation du gisement de Bovanenkovskoe sur la péninsule du Iamal en Sibérie, n'exclut pas l'éventualité d'un report de la mise en valeur du gigantesque gisement de Chtokman en mer de Barents, dont les réserves sont estimées à 3 800 milliards de m3 de gaz et à près de 37 millions de tonnes de condensât. S. I. Trois gazoducs approvisionneront l'Europe en gaz via l'Algérie En plus du Medgaz (Algérie-Espagne) qui sera mis en service à la fin 2009, le Galsi (Algérie-Italie), dont le démarrage des travaux est prévu pour 2010 ainsi que le Transaharian gas Pipeline (TSGP), un gazoduc long de 4 200 km, devant relier le Nigeria à l'Europe via le Niger et l'Algérie, a rappelé le ministre, permettront également d'alimenter l'Europe en gaz .Aussi, le gazoduc Enrico Mattei (Transmed) reliant l'Algérie à l'Italie via la Tunisie sera en mesure de transporter 32 milliards de m3/an à la fin 2009 tandis que le gazoduc Duran Farel, reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc, a vu sa capacité augmenter de 8 milliards de m3/an à 11,5 milliards de m3/an, ce qui renforce la place gazière de l'Algérie sur la scène internationale. S. I.