Pour l'optimisation de cette préparation, le sélectionneur, Rabah Saâdane, a programmé un stage de préparation à Saint-Moritz, en Suisse, situé à 1500 m d'altitude. Ce qui pourrait être bénéfique pour remettre nos joueurs sur de bons rails après une éprouvante saison sportive. Depuis Mexico 1986, l'altitude est devenue un sujet d'étude et de recherche, elle est de plus en plus prise en considération par les préparateurs physiques dans le travail d'aérobie. L'un des principaux effets de l'altitude est le stress hypoxique qui induit une stimulation de l'érythropoïèse favorisant le transport de l'oxygène par augmentation de la concentration en hémoglobine pour un même débit cardiaque (Ferretti et al, 1992). Avant tout stage en altitude, un bilan biologique normal au préalable est important (normalisation des CPK, LDH, Mg, RA, glutathion, créatinémie et acide urique). Ce bilan médico-sportif déterminera, suivant l'état de forme des joueurs, s'il faudra s'orienter vers un stage de développement des qualités athlétiques ou bien converger vers l'entretien de la forme. Cependant, il y a plusieurs méthodes de préparation physique en altitude, les plus connues sont : 1) la méthode low – high (vivre en plaine, s'entraîner en haut) 2) la méthode classique high – high (s'entraîner et vivre en haut) 3) la méthode high – low (vivre en haut, s'entraîner en plaine) 4) la méthode d'exposition passive intermittente hypoxie 10% (altitude) – normoxie (niveau de la mer) 5) la méthode Interval – training avec exposition intermittente hypoxie 15% (altitude) – normoxie (niveau de la mer). Notre intérêt se portera sur deux méthodes utilisées : la méthode classique et la méthode high-low (hilo). Décrire la première méthode de façon exhaustive prendrait beaucoup de temps, ce qui nous incite à la simplifier davantage pour mieux la comprendre. Elle suggère de s'entraîner et de vivre en moyenne altitude, l'une de ses conditions indispensables est la réalisation de stages antérieurs au stage final, du fait de la grande variabilité des réponses individuelles des athlètes soumis au même stress d'altitude (chapman et al. 1998 ; wolski et al. 1996). Certains ne paraissant pas souffrir, d'autres sont plus sensibles au point de ne pas pouvoir s'entraîner. Vu sous cet angle, il s'avère qu'à aucun moment le sélectionneur n'a programmé un stage au préalable pour mieux cerner le profil de ses joueurs. Compte tenu du nombre de blessés au niveau de notre équipe, le facteur forme et blessures semble être réellement mis en cause, l'altitude étant un facteur de ralentissement du retour de forme, selon Bueno (1995), il est nécessaire d'arriver à un stage de préparation terminale en meilleure forme possible, la sur-sollicitation en hypoxie peut induire au processus du surentraînement. Après le stage, on peut déterminer trois phases. La première, favorable à la réalisation de performances est classiquement décrite entre le 2e et le 5e jours après la redescente (Dick 1992 ; Stephan 1993), ce qui coïncide avec le match que disputera notre sélection face à l'équipe d'Irlande. La deuxième phase est dite néfaste à compter des 5e et 6e jours jusqu'au début de la troisième phase. La troisième phase est caractérisée par des acquis stables et une lente dégradation des bénéfices acquis en hypoxie (altitude). Du 12e au 19e jours, selon Stepahan (1993). Et du 15e au 24e jours, selon Dick (1992), qui correspond au début de la compétition contre la Slovénie. La méthode high-low (Hilo) : Proposée dans les années 1990 comme un autre modèle pour améliorer la performance (Levine et Stray-Gundersen en 1997), elle suggère de vivre en moyenne altitude (high), tout en s'entraînant en basse altitude (low). L'explication viendrait, d'une part, par la stimulation de l'érythropoïèse due à l'exposition au stress hypoxique (augmentation de la masse des globules rouges), d'autre part par le maintien de la qualité de l'entraînement qui s'effectue à une basse altitude. Mais les récentes recherches et publications, notamment celles de Levine et Stray-Gundersen, 2005, démontrent que le débat est à ce jour ouvert sur les différents effets de cette méthode. Une étude de Schmitt. L, Millet. G et all, 2006, dont le but était de tester les effets d'un entraînement en altitude de type Hilo sur la performance aérobie et le coût énergétique (CE) chez des athlètes de haut niveau en endurance, démontre bien que le VO2max et le taux d'hémoglobine (Hb) sont augmentés de manière similaire à la fin du stage, PMA est plus augmentée. Quinze jours après le stage, VO2max et Hb étaient revenus à leur niveau du pré-test, alors que PMA était maintenue, ce qui renforce encore l'hypothèse d'une augmentation des capacités. Ceci permettrait aux joueurs en mi-forme ou en retour de blessures de travailler correctement en basse altitude avec tout le groupe et de profiter des effets positifs de l'altitude et bien sûr être prêt pour le Mondial. Cette dernière méthode décrite paraît vraiment intéressante pour notre sélection. Néanmoins, plusieurs interrogations restent à éclaircir. Est-ce que le staff technique, à sa tête le sélectionneur Rabah Saâdane, a pris la meilleure décision ? Compte tenu de l'objectif, des pré-requis (la forme des joueurs, les blessures, les antécédents des joueurs répondant ou non répondant à l'altitude, etc.).