Qu'est-ce que c'était ? C'était diabolique», a affirmé le maire de Londres, Boris Johnson, en réaction au match nul de l'Angleterre face à l'Algérie. A l'image de ce maire, les Anglais, supporters, experts et médias, ont vivement exprimé leur désappointement suite au deuxième match nul de leur équipe face aux Fennecs. Les tabloïds anglais, connus pour leur trait acéré, ont jugé «indigne» du football anglais la prestation des coéquipiers du capitaine Steven Gerrard. Ils se sont même demandés, hier, si le choix comme sélectionneur de l'Italien Fabio Capello, chichement payé (6 millions de livres sterling par an) était judicieux. Les clowns ! «Des clowns au Cap», met à la une le Daily Mirror, qui parle de la plus mauvaise prestation des «Trois Lions». «Le boss de l'Angleterre a regardé ses joueurs lutter pour maintenir un nul sans but contre une Algérie surprenante qui fait ainsi planer sur eux le danger de ne pas se qualifier pour les huitièmes de finale», écrit ce journal qui estime que le sélectionneur de l'Angleterre est trop payé pour «une équipe qui marche sur le terrain». Le même journal évoque la seule occasion franche des Anglais lors de cette rencontre insipide dont les Fennecs ont brillé par leur solidité et leur ténacité. «Frank Lampard, qui n'était pas dans son assiette, a manqué la meilleure chance pour l'Angleterre pour gagner après 33 minutes de jeu mais son tir a été très bien arrêté par le portier algérien Raïs M'bolhi. L'Algérie devenait plus forte au fur et à mesure que le match avançait et que l'Angleterre, qui n'arrivait pas à trouver de solution, devenait désespérée», écrit encore le journal. «La Coupe du monde peut devenir un rêve», titre sur sa une le quotidien The Sun, considérant les coéquipiers de Wayne Rooney comme hors-jeu. Ce journal, faut-il le souligner, s'était beaucoup moqué des adversaires de l'équipe anglaise en titrant au lendemain du tirage au sort, EASY, en reprenant les premières lettres de chaque équipe «England, Algeria, Slovenia, Yanks». Il a même titré à la veille du match contre l'Algérie «Algeria is joke (l'Algérie est une plaisanterie)». Le Daily Mail, quant à lui, a axé sur la colère de Rooney qui s'en est pris aux supporters qui l'ont hué. Valeureux Fennecs La presse française ainsi que la sénégalaise ont bien salué la prestation des Verts, qui ont su tenir en échec une équipe anglaise truffée de stars mais transparente. «Vendredi, face à des Fennecs bien en place mais manquant d'inspiration, les Anglais ont livré une prestation qui a bien failli endormir les 64 000 spectateurs du Green Point Stadium du Cap. Une seule occasion en quatre-vingt-dix minutes, un jeu sans imagination, de la faiblesse sur toutes les lignes et des doutes à n'en plus finir», écrit le Monde. «S'il fallait conserver une image de la première mi-temps de ce match, ce serait sans doute les visages des princes William et Harry, installés en tribune, mi-assoupis, mi-dépités face à la prestation de leur sélection nationale. Elle, qui n'avait pas brillé lors de son match d'ouverture contre les Etats-Unis a déçu de nouveau», ajoute le même journal. «En face, les Fennecs ressemblaient un peu plus à une équipe, solide et prête à faire circuler le ballon, sans parvenir toutefois à pousser ses actions jusqu'à leur terme. Surtout, son arrière-garde, dirigée d'une main de maître par Madjid Bougherra, n'a jamais failli», souligne encore le Monde. l'Equipe abonde dans le même sens : «Sans idées, sans vitesse, rechignant même à faire le jeu, l'Angleterre peut même s'estimer heureuse de ne pas avoir perdu la rencontre face aux Fennecs». «Une victoire pour l'Algérie», titre ce journal en caractères gras rouges et verts, estimant que les Algériens ont joué avec le même esprit combatif que celui de Khartoum où ils ont arraché leur qualification au Mondial en battant 1 à 0 les Egyptiens. «Cela ne va pas leur faire gagner la Coupe du monde mais ils dégagent une force de caractère collective impressionnante sans laquelle les équipes ne vont jamais vraiment loin. L'équipe de France peut en témoigner», écrit l'envoyé spécial du journal. L'énorme Bougherra «Défaite de manière cruelle en ouverture contre la Slovénie (0-1), l'Algérie a réalisé un bon match face aux Anglais. Techniquement supérieurs, travailleurs, compacts, les Fennecs ont pu compter sur un bon M'bohli dans les buts. Le portier, formé par Marseille, a effectué l'arrêt qu'il fallait face à Lampard (33'). En défense, Bougherra a été énorme contre un Rooney qui a pourtant été le joueur le plus combatif sur le terrain», écrit l'Equipe, ajoutant que «devant, Ziani et Matmour ont fait des misères à une arrière-garde anglaise terriblement hésitante». Ce prestigieux quotidien sportif français revient sur la chance de l'Algérie de passer en huitièmes : «Lors de son dernier match, contre les Etats-Unis, l'Algérie devra gagner pour espérer passer en huitièmes. Vu ce qu'elle a montré sur ses deux premiers matches, elle en est capable. Les fans algériens prieront pour que la Slovénie fasse un résultat contre l'Angleterre». Le Figaro écrit que les Algériens ont fait douter les Anglais tout en soulignant le progrès des Verts par rapport à leur premier match où ils avaient perdu 1 à 0 face à la Slovénie. Un but encaissé à cause d'une bourde monumentale du gardien Chaouchi, remplacé lors du match face à l'Angleterre. «Les Fennecs, qui ont conquis leur premier point, ont affiché des progrès. Les partenaires de Ziani se sont montrés rigoureux défensivement, à l'image de leur gardien de but Raïs M'bohli, impeccable pour sa première sélection. D'où un 0/0 logique.» M'bolhi flatté France Football consacre tout un article au gardien des Verts, Raïs M'bolhi qui a montré un grand potentiel et du talent face aux Anglais. Sous le titre «M'Bolhi a relevé le gant», Frank Simon, spécialiste du football africain à France Football, fait l'éloge de ce gardien qui évolue dans le championnat bulgare où il a été désigné meilleur gardien de Bulgarie. Evoluant sans complexe et en sobriété, M'bolhi a bien séduit, en Algérie comme à l'étranger. «Vendredi soir, dans l'écrin de Cape Town, un joueur international est né. Il s'appelle Raïs Wahab M'bolhi, et occupe aujourd'hui le poste convoité de gardien chez les Fennecs algériens. Sa performance contre la grande Angleterre (0-0) a nettement contribué à ce résultat, considéré comme un succès partout dans le pays», écrit Frank Simon qui considère ce gardien comme la révélation du match. «Ce n'est donc pas un hasard si M'bolhi a été testé par Manchester United le mois dernier», enchaîne ce journaliste qui semble émerveillé par les qualités de ce gardien. «Lorsqu'il prendra congé de cette sélection nationale, le sage Saâdane comptera sans doute, parmi ses nombreuses satisfactions, celle d'avoir révélé au monde un joueur comme M'bolhi», ajoute-t-il. Une victoire pour espérer Pour le Parisien, ce nul face aux Anglais est un grand exploit. «L'Algérie va pouvoir rêver jusqu'au bout», titre en gros caractères sur deux pages, ce quotidien français pour lequel «les Algériens, qui ont tenu tête aux Anglais, gardent leurs chances de qualification, mais il faudrait battre les Américains mercredi». De son côté, France-Soir estime que les Verts sont aux portes de l'exploit. «Les Fennecs ont enfin lancé leur Coupe du monde en tenant en échec l'Angleterre. Ils peuvent même croire à une qualification», écrit ce journal. «L'Angleterre, favorite présumée mais peu en verve, a concédé contre la modeste Algérie (0-0) son deuxième match nul dans le groupe C du Mondial-2010, jeudi au Green Point Stadium du Cap. Les Anglais, incapables de bousculer un adversaire valeureux, sont troisièmes du groupe, à égalité de points (2) avec les Etats-Unis, deuxièmes grâce à une meilleure attaque», écrit Libération. Les journaux sénégalais ont largement commenté la rencontre, soulignant la qualité du jeu des Fennecs qui ont su tenir tête aux stars anglaises. Sous le titre «L'Algérie fait douter l'Angleterre», l'Observateur a bien souligné «la supériorité technique» des Fennecs «travailleurs et compacts». Il reste aux Verts de vaincre contre une bonne et coriace équipe des Etats-Unis s'ils veulent se donner une chance de se qualifier aux huitièmes de finale.
