Rien n'est encore joué sur le front de la crise économique, si l'on en juge par les déclarations faites hier par le président Obama. Les pratiques de Wall Street font encore peur à l'Administration américaine, qui estime que le plus important reste à faire. Car, il faudra éviter que les pratiques qui ont mis à genoux l'économie mondiale ne se renouvellent. Si « l'incendie » a été éteint – pour reprendre les propos du président américain qui évoquait la crise économique –, il reste de grands travaux pour réhabiliter « la maison » et les Américains ne sont pas encore tirés d'affaire ni le monde d'ailleurs. En utilisant l'analogie de l'incendie d'une maison, le président américain a développé un discours didactique et accessible qui permet de croire que le plus dur est passé et d'espérer la fin de la crise. Mais les causes profondes de la crise n'ont pas encore été traitées. Sinon comment expliquer l'attaque directe contre Wall Street du président américain, qui a estimé qu'« on n'a pas l'impression que les gens à Wall Street éprouvent le moindre remords pour tous les risques qu'ils ont pris ; on n'a pas l'impression que ce qui s'est passé ait provoqué un changement de culture ou d'attitude ». Lors de ses derniers mois à la Maison-Blanche, l'Administration Bush avait fermé les yeux sur l'octroi par les banques de bonus totalisant 18 milliards de dollars à partir de l'injection de la première tranche de 350 milliards de dollars du plan de relance. La majorité démocrate avait beaucoup critiqué la façon dont les fonds avaient été utilisés et a accusé le Trésor de manquements graves dans le contrôle. Le rôle de l'Administration s'est caractérisé par un laisser-faire qui s'apparente à une grande complicité. Dans le mouvement de remboursement opéré ces derniers temps par des banques, beaucoup d'analystes voient une volonté de se soustraire au contrôle de l'administration pour pourvoir mieux distribuer les bonus aux dirigeants. On se souvient que parmi les critiques qu'avait essuyé le système financier figurait l'accusation contre les dirigeants des banques qui auraient transformé les places financières en véritables casinos et où même en cas de faillite, les responsables pouvaient quitter leur poste en étant sûrs d'empocher des fortunes en primes de départ. En réalité – et les faits le prouvent –, la régulation a été totalement absente dans beaucoup de situations et la fraude est devenue une sorte de règle sur le marché financier. Le président Obama avait promis de faire de la réforme de la régulation l'une des priorités de son administration. Après l'étape du plan de relance, il lui faudra remporter la bataille de la régulation. Mais cette bataille est loin d'être gagnée, vu le pouvoir immense de Wall Street et le soutien dont il bénéficie chez les républicains.