Le président américain Barack Obama a reconduit, hier, Ben Bernanke dans ses fonctions de président de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, pour un deuxième mandat de quatre ans, un geste qui devrait conforter le récent optimisme des marchés.Le président Obama, actuellement en vacances sur l'île de Martha's Vineyard (Massachusetts, nord-est), en a fait l'annonce à 09H00 (13H00 GMT), avant l'ouverture de la Bourse américaine, a indiqué un responsable gouvernemental sous le couvert de l'anonymat. Le secrétaire général de la Maison Blanche, Rahm Emanuel, a déclaré au Wall Street Journal que M. Obama allait reconduire M. Bernanke parce qu'il lui attribue "le fait d'avoir éloigné l'économie du gouffre de la dépression".M. Bernanke, 55 ans, a pris en février 2006 la tête de la Banque centrale américaine, après avoir été nommé fin 2005 par George W. Bush, prédécesseur de M. Obama pour succéder à Alan Greenspan, resté 18 ans à ce poste. Il a été ces derniers mois un des artisans des mesures prises pour éviter aux Etats-Unis l'écroulement financier, face à la pire crise mondiale depuis la Grande dépression des années 30. M. Bernanke bénéficie d'un large soutien de la part de Wall Street qui a apprécié ses méthodes radicales et parfois non-orthodoxes destinées à sauver le secteur bancaire, réformer le secteur financier et éviter à la récession de se transformer en dépression.Le maintien de M. Bernanke pour un second mandat à partir de janvier pourrait toutefois faire quelques vagues au Congrès, la reconduction du président de la Fed nécessitant l'aval du Sénat.Ainsi le président de la commission bancaire du Sénat, Chris Dodd, a promis d'organiser pour M. Bernanke une "audition de confirmation approfondie et complète". "J'ai encore de sérieux soucis sur l'inaptitude de la Réserve Fédérale à protéger les consommateurs et je crois fermement que ces responsabilités devraient être prises en charge par une agence financière indépendante de protection des consommateurs", a déclaré M. Dodd dans un communiqué.Il a toutefois ajouté que la décision de M. Obama était "probablement le bon choix".La décision présidentielle pourrait être destinée à envoyer un signal de continuité et à rassurer les marchés financiers qui sont encore nerveux, en dépit des signes de reprise économique.A contrario la non reconduction de M. Bernanke serait intervenue au plus mauvais moment et aurait signifié un changement profond de politique étant donné le rôle éminent joué par le président de la Fed dans les mesures financières pour combattre la crise. Le président de la Fed a en effet travaillé en relation très étroite avec le Secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner et la Maison Blanche pour sortir la première économie mondiale de la récession et réformer le secteur financier. L'économie américaine a "évité le pire" et apparaît en train de se stabiliser, avec de "bonnes" perspectives de reprise à court terme, avait estimé en fin de semaine dernière M. Bernanke."En dépit de ces progrès notables, il reste de gros défis: des tensions persistent sur de nombreux marchés financiers mondiaux, des pertes supplémentaires menacent des institutions financières, et de nombreux ménages et entreprises continuent d'éprouver des difficultés considérables à avoir accès au crédit", avait-il ajouté.Il avait également redit l'urgence qu'il y avait, à ses yeux, de "construire un nouveau cadre de régulation financière" aux Etats-Unis et dans le monde, qui "reflète les leçons de la crise et empêche la répétition des événements des deux dernières années".La tâche délicate qui attend désormais M. Bernanke est de doser le retrait progressif des liquidités que le gouvernement américain a injecté massivement dans le système financier.