Avant le concert de gospel qu'elle devait donner hier au théâtre Abdelkader Alloula d'Oran, la chanteuse américaine, installée en France depuis 1984, Manda Djinn, a répondu aux questions des journalistes lors d'un point de presse organisé à l'hôtel Houna. L'attachée culturelle à l'ambassade des Etats-Unis qui parraine cette manifestation culturelle en collaboration avec la direction de la culture a précisé : « C'est la première fois en 15 ans que la représentation diplômatique américaine présente un programme culturel en dehors de la capitale algérienne. » Aussi, avouera-t-elle que durant toute la décennie 1990, « même à Alger, rien n'a été fait de palpable », elle a estimé que « cette reprise des échanges était historique ». Paradoxalement, c'est à Paris que la chanteuse américaine se découvre une vocation de gospel. « En 1989, dans le cadre d'une rencontre de musiques sacrées, j'ai été amenée à interpréter des Négro Spiritual et c'est grâce à la réponse et à l'adhésion du public que j'ai découvert une sensation en moi, un sentiment qui me donnait l'impression de voler dans les airs. Au milieu de cette sérénité, je n'avais plus de trac, plus de souci, comme si j'étais chez moi », se remémore Mme Manda qui était branchée plutôt jazz en ayant d'ailleurs interprété la messe du célèbre Duke Ellington. Ayant eu comme idole Mahalia Jackson (1911-1972), également militante des droits civiques dans son pays, elle revient sur l'histoire du gospel pour évoquer le fondateur Thomas Dorsey (pianiste compositeur né en1899) qui, dès les années 1930, devait nommer cette musique afro-américaine. « Precious Lord a été le premier connu et un des grands titres du gospel, car il a été composé avec beaucoup de peine, suite à la mort, dans un accident, du fils et de la femme du compositeur », devait-elle révéler. Pour sa tournée algérienne (deux concerts à Alger les 8 et 9 février), la chanteuse sera accompagnée au piano et au chant par Roland Chamougon, d'origine guadeloupéenne. Manda Djinn qui, dans son enfance, était partagée entre l'église catholique ( chants grégoriens) et l'église baptiste de sa tante où se pratiquaient les négro spirituals a qualifié de ridicule la séparation en gospel noir et gospel blanc, genre plutôt inspiré de la country. Elle prépare une collaboration avec le chant espagnol et possède à son actif plusieurs compositions théâtrales à l'exemple de sa comédie musicale intitulée Gospel Truth. Le passage qu'elle a effectué à Alger en 1985, à l'époque où son groupe reprenait le répertoire des Platters (une troupe vocale des années 1950) n'a pas laissé de traces palpables dans sa mémoire. A l'époque, dit-elle, il n' y avait que des hommes dans la salle (TNA). Aujourd'hui, les choses ont changé et Manda Djinn aura sûrement des surprises, à commencer par les impressions que la ville aura laissées en elle.