L'interprète de négro-spiritual inondera de «lumière» le coeur du public... Ce n'est pas tous les jours qu'on compare le gospel au raï pour sa popularité et la joie de vivre que véhicule cette musique même si à l'origine, ce chant des Noirs américains n'était pas l'oeuvre des gens heureux! Interprété d'abord dans les plantations et champs de coton par les esclaves au 17e siècle, le gospel et le négro-spritual ont su se démocratiser avec le temps, «s'embourgeoiser» jusqu'à atteindre les plus prestigieux opéras dans le monde. Manda Djinn est une de ses interprètes qui porte fort en elle cette force et cette fièvre de l'amour de Dieu. Transmis par la voix orale, ce chant religieux est un hymne à la tolérance et à la fraternité. Dans le cadre des échanges culturels entre les Etats-Unis et l'Algérie, l'ambassade des Etats-Unis a convié le public oranais le 7 février mais aussi algérois le 8 et le 9 à trois concerts de rêve emmenés par cette chanteuse dont l'ironie du sort a voulu qu'elle interrompe une brillante carrière de danseuse suite à une chute de scène pour se tourner vers la musique. Manda Djinn a littéralement subjugué l'assistance au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Voix qui porte, souffle généreux, timbre très doux et «soul», la chanteuse ravira tout le monde par sa vivacité et sa légèreté sur scène, donnant immédiatement la traduction des titres de certaines de ses chansons ou carrément en expliquant «schématiquement» la profondeur thématique de ces chansons comme un cours pédagogique avant d'inviter le public à la suivre sur la route de Dieu qui mène tout droit au paradis. Le public d'emblée, immergé, répondra chaleureusement à l'invitation de Manda Djinn en tapant des mains. Elle était accompagnée d'un pianiste dynamique, Roland Chammougon. Ce dernier entamera le concert avec le traditionnel Trouble in my way et Manda Djinn d'enchaîner entre ballades et chants religieux, I saw the light, Get away Jordan, Joy, Joy, Joy, Scandalize my name, I love you, lord?, Nobody knows the troube I seen ou encore Amen gospel train et Oh happy day. Manda Djinn jouera la carte de la communication avec le public, elle dont la carrière l'a menée en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et aux Antilles, c'est dire le nombre indéfini des planches qu'elle a frôlées dans sa vie! Le contact, la complicité avec celui qui vient l'écouter en concert n'ont plus aucun secret pour elle. C'est la raison pour laquelle elle n'a eu cesse de se donner «corps et âme», en chantant, dansant et louant le Seigneur. Le public le lui a bien rendu. Le duo prévoit d'animer un concert privé à l'ambassade des Etats-Unis pour les enfants du centre Forem (Fondation nationale pour la promotion et le développement de la recherche) de Bentalha. Un geste noble qui se déroulera au siège de l'ambassade des USA, celle de Monsieur Richard Erdman. Celui-ci rejoindra Manda Djinn au concert pour un tour de jeu au piano des plus saisissants prouvant toute la générosité du coeur de cet homme cultivé. Chapeau l'artiste ! A côté du gospel, une autre musique viendra titiller la sensibilité de Manda en invitant Fayez du groupe Index à se joindre à son duo pour une superbe improvisation au t'bel et au karkabou. Un véritable brassage rythmique qui invoquera les origines africaines de la chanteuse. Manda Djinn, qui vit en France, avait visité l'Algérie pour la dernière fois en 1985. C'est donc un retour «aux sources du chant sacré» qu'elle fera rayonner dans toute la salle et au coeur des mélomanes.