Chaque année, plus de 70% des demandes d'asile formulées par des migrants de différentes nationalités, notamment africaines, sont rejetées par les pays européens. Aussi, de 2008 au premier semestre 2009, plus de 70 000 personnes ont réussi à traverser la Méditerranée de manière illégale et ce, dans leur tentative de rejoindre l'Europe. C'est ce qu'a indiqué Migreurop – un réseau qui regroupe des organisations européennes et africaines de défense des droits des migrants et demandeurs d'asile dans le monde – dans un communiqué parvenu cette semaine à notre rédaction. Le Commissariat européen chargé de la sécurité et des libertés n'est pas resté indifférent à l'égard de la politique restrictive adoptée par l'Union européenne en l'appelant à faire preuve de plus de solidarité, une revendication pour les Etats méditerranéens. Car estimant que « le devoir d'asile s'exerce à l'égard des personnes qui risquent des persécutions, qui risquent vraiment des violences et que quelle que soit la crise, l'Europe, avec tout le passé qui est le sien, se doit d'accueillir ceux qui sont effectivement persécutés », est-il écrit dans le communiqué. En outre, l'Italie, la Grèce, Chypre et Malte, qui demeurent particulièrement exposés à l'immigration clandestine, demandent aux 27 pays de l'UE d'accueillir plus de réfugiés pour les soulager de cette pression. Les pays européens affirment, de leur côté, qu'ils veulent soutenir les Etats méditerranéens. Mais l'accueil de migrants sur leur sol n'est aujourd'hui contraint à aucune obligation. Un caractère volontaire qui fait grincer des dents les pays les plus exposés à l'immigration clandestine, considère le réseau Migreurop. Ce dernier a, par ailleurs, réitéré son appel à une mobilisation contre les accords de gestion concertée des flux migratoires en cours de négociation entre la France et certains pays africains. Il appelle également à plus de transparence et à replacer cette question dans le débat public. Car, pour l'instant, souligne-t-il, les choses se font dans la plus grande opacité. Sur les sept déjà conclus entre Paris et ses « partenaires » africains, seul l'accord bilatéral signé en juillet 2007 avec le Gabon est en vigueur depuis septembre 2008. La France a signé d'autres accords avec le Sénégal en 2006, le Congo et le Bénin en 2007, la Tunisie et le Cap-Vert en 2008 et enfin le Burkina en 2009, mais ils ne sont pas toujours pas en application. Toujours d'après Migreurop, de nombreux autres accords de gestion concertée des flux migratoires sont programmés : « Le projet de loi de finances de 2009 prévoit que la France doit signer 7 accords par an d'ici 2011. Le processus va donc s'accélérer : le gouvernement français a mis 3 ans, de 2006 à 2009, pour signer 7 accords, il va falloir qu'il arrive au même résultat en une année », indique la même source. Le Mali, l'Egypte, le Cameroun, Haïti, les Philippines, le Niger et, plus tard, la République démocratique du Congo et la Guinée sont les pays dans la ligne de mire de la France.