Le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki a eu hier un tête-à-tête suivi d'une conférence de presse avec le président américain, Barack Obama, à la Maison-Blanche. Une rencontre qui devrait lever les malentendus liés au crochet orageux de Joe Biden récemment à Baghdad. C'est la première fois que M. Al Maliki, interlocuteur privilégié de l'ancien président George W. Bush, se rend à la Maison-Blanche sous Obama. L'autorité du Premier ministre s'est considérablement renforcée depuis qu'il a pris ses fonctions, il y a trois ans, en plein déchaînement interconfessionnel, alors que M. Bush était aux commandes. M. Al Maliki a lui aussi des attentes vis-à-vis des Américains. Il compte sur leur soutien pour obtenir de l'ONU qu'elle réduise les compensations versées par l'Irak au Koweït au titre des réparations pour l'invasion de l'Emirat par les soldats de Saddam Hussein en 1990. Il a plaidé sa cause au siège des Nations unies à New York auprès du secrétaire général Ban Ki-moon et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. A Washington, M. Al Maliki voudrait s'assurer le soutien des Etats-Unis à la reconstruction économique de son pays et à la normalisation de ses relations avec ses voisins. De son côté, l'Administration Obama dit vouloir développer des relations normalisées, économiques et culturelles, à long terme. Mais elle s'inquiète de voir que la sécurité reste fragile dans un pays au cœur d'une région pétrolière et stratégique. Washington insiste sur la nécessité de la réconciliation entre des communautés irakiennes qui ne sont toujours pas parvenues à s'entendre sur la répartition des revenus du pétrole ou sur l'équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les autorités provinciales. Obama – un des rares Américains à s'être opposés dès la première heure à la guerre en Irak – et Al Maliki se rencontrent trois semaines après le retrait des soldats américains des villes irakiennes. D'ici à fin 2011, il ne devrait plus y avoir de soldats américains en Irak, en vertu de l'accord conclu en 2008 entre l'Administration Bush et le gouvernement Al Maliki. Mais, lors d'une visite en juillet, le vice-président Joe Biden a menacé d'un désengagement américain si la violence confessionnelle et ethnique reprenait. M. Al Maliki a sèchement renvoyé les Américains dans leur coin. A Washington, le Premier ministre se livre à un exercice délicat. Lui qui s'est employé à s'imposer comme une figure nationaliste au-dessus des communautés, et qui a présenté le retrait américain comme une victoire, ne peut paraître trop proche des Américains six mois avant les législatives. Mais il devrait se prêter aujourd'hui à une visite, à peine concevable récemment, au cimetière militaire d'Arlington, près de Washington, où reposent des Américains tués en Irak.