Quatorze membres sur les vingt-deux élus que compte la commune de Souk Ahras ont boycotté, pour la deuxième fois, la réunion de l'exécutif prévue mercredi dernier, avec comme ordre du jour l'étude du budget supplémentaire. Les élus protestataires, qui reprochent au maire « un ostracisme dans la gestion des affaires de la cité » et « un comportement dédaigneux » envers ses pairs, exigent le départ du premier magistrat de la ville, condition sine qua non pour leur retour au sein de l'assemblée communale. D'autres griefs, répertoriés par les édiles du chef-lieu de la wilaya, traduisent des animosités existantes depuis des mois entre membres opposants et le P/APC. « Nous ne voulons pas recourir à la signature d'un retrait de confiance pour signifier au P/APC qu'il est persona non grata parmi nous », a déclaré, sous le sceau de l'anonymat, l'un des opposants. Approché par nos soins, le maire dira d'emblée que tout se joue autour d'intérêts personnels et d'ambitions préjudiciables à la gestion financière de la municipalité. « Si l'on ose parler de décisions unilatérales, j'invite les contestataires à me donner une seule décision prise sans concertation ou en dehors des commissions présidées par ces mêmes élus contestataires », a-t-il expliqué avant d'ajouter que le code communal prévoit des réunions extraordinaires, convoquées à la demande des élus et dont le but est, justement, de revoir les méthodes de fonctionnement de l'APC. Chose qui n'a jamais été faite par l'opposition, estime Mohamed Fettar, le maire de Souk Ahras. Aux dernières nouvelles, le vice-président de l'APC chargé des finances a rallié, après une semaine de tergiversations, le camp des frondeurs. D'aucuns se demandent, à juste titre, si le mentor de ce dernier, en l'occurrence le député et mouhafedh du FLN, Mohamed Messaâdia, n'est pas au courant de cette volte-face. L'information, qui nous a été confirmée par les deux parties, a donné libre cours aux supputations quant aux non-dits de cette décision. La position mi-griffe, mi-clin d'oeil du vice-président de l'APC chargé des affaires sociales est l'autre énigme qui persiste et qui suscite moult réflexions. Clivages entre les partisans N'est pas fortuite, non plus, la présence de son président de la commission des affaires sociales parmi les contestataires. Même si les raisons de cette contestation sont tout autres au sein de l'opposition où l'on compte des intégrités certaines, et ce de l'avis même du P/APC, force est de constater qu'au sein du bloc FLN les arrière-pensées claniques sont toujours de mise et que les luttes intestines, charriées par les élus du vieux parti depuis les élections des kasmas et la mouhafadha jusqu'à la salle des réunions de l'hôtel de ville, revêtent un aspect belliqueux et ont, il y a belle lurette, mis fin à une cohésion de façade, dictée par les préalables électoraux. C'est dans les mêmes conditions (ou presque) que le numéro deux de la liste FLN, Rabie Djelaïlia, a été évincé par le conseil communal un mois après qu'il eut dénoncé des excès dans les dépenses liées à la restauration et au carburant. Les noms des deux vice-présidents ont été trop cités par ce dernier qui avait dénoncé, pendant cette période, « une volonté de vider le parti de ses cadres authentiques et un programme de déstabilisation intra-partisane, concocté par des milieux en mal de dividendes ». Où va la commune ? Jusqu'à l'heure où nous rédigions l'article, les quatorze élus dissidents persistent, signent et refusent tout compromis pour des raisons qu'ils jugent « allant dans l'intérêt des citoyens ». Le P/APC refuse de lâcher du lest et reconnaît, toutefois, que tout clivage est préjudiciable pour une commune qui tente, tant bien que mal, de servir la population locale et d'œuvrer pour son épanouissement. L'un de ses partisans s'est montré, par contre, virulent, et a même menacé de déballer tout le linge sur la place publique en temps opportun. Entre les déclarations des uns et les positions des autres, le citoyen lambda demeure témoin d'une sempiternelle et fastidieuse lutte de positionnement partisan, d'une course effrénée pour le lucre et le gain facile, d'un temps fait de dividendes, de prête-noms et de coups fourrés qui rivalisent dans leur subtilité avec le meilleur des prestidigitateurs. Une relation de cause à effet est à établir avec la paupérisation rampante à Souk Ahras, le mal-vivre et les suicides-record enregistrés récemment, les disparités sociales et l'agressivité chez les jeunes des quartiers populaires.