La ville du cheikh Zinaï Belgacem n'est plus la cité connue pour son calme et son hospitalité. L'extension, tous azimuts, qu'elle a connue ou subie, à son corps défendant, n'a pas été sans générer moult problèmes. Il y a d'abord cette circulation ininterrompue de véhicules, laquelle provoque d'interminables embouteillages, surtout aux grands carrefours, tels celui du Nord (Boulevard Mansouri Ali) et de l'Ouest (Kanouni Tayeb). Le centre de la ville, lui, s'est transformé en un véritable bazar où règne désordre et promiscuité. Toutes les petites rues sont squattées par des petits vendeurs, proposant par-ci des sandales et des vêtements, par-là toutes sortes de « chinoiseries », autant dire des produits à la qualité douteuse. Matin et soir, la gent féminine prend d'assaut les ruelles à la recherche du produit rare ou à moindre coût. Il semble même que certaines femmes y viennent pour passer le temps et ainsi fuir le domicile familial. La rue Abbès Laghrm, appelée communément Route de Khenchela, est devenue la chasse gardée des vendeurs des quatre saisons. Le soir, la rue se transforme en un véritable marché à ciel ouvert. Les autorités ont essayé à maintes reprises la délocalisation de ces marchands, mais en vain ; après le départ des agents de l'ordre, les vendeurs reviennent à la charge. La vente à la criée s'est érigée en mode pour réaliser de meilleures recettes. Les poissonniers, dont les étals débordent de sardines et d'autres poissons, se mettent de la partie et crient à qui mieux mieux pour attirer la clientèle. Ce qu'il faut déplorer par-dessus tout, ce sont les innombrables tas d'immondices que les marchands laissent en partant. Même la place des Martyrs, où sont inhumés Loucif Mebarka et Hihi Mekki, a subi un sacré coup. A la périphérie de la ville, dans des quartiers supposés résidentiels, des ateliers d'artisans provoquent un boucan infernal avec le bruit de leurs machines, rendant la vie intenable aux riverains. Et ce n'est pas tout…