La quatrième journée du Festival de Timgad aura été très riche et variée. Tous les genre musicaux ou presque ont été appréciés par le public venu des quatre coins de l'Est algérien ! Programmée initialement en fin de soirée, la troupe chinoise Anjiany Aitulan Nabord, de chants et de danses contemporains, a ouvert le bal par ses membres arborant des costumes traditionnels, illustrant cette culture millénaire de l'Extrême-Orient. La troupe en question a offert au public un bouquet riche en couleurs. En plus de la chanson chinoise populaire, on a assisté à une production à la hauteur de la célébrité de cette troupe dont la venue à Timgad pour la première fois aura été un plaisir incommensurable. La chanteuse du groupe, bien que chantant en mandarin, a interprété à la grande satisfaction des présents, avec tact, dextérité et une maîtrise parfaite des tons et des rythmes, une panoplie de musiques et chansons allant de la musique russe, turque, jusqu'à celle moyen-orientale. La prestance et la présence sur scène de l'interprète à la voix et au timbre typiquement chinois a émerveillé les auditeurs, très surpris et admiratifs à la fois. Les chansons romantiques turques et arabes, reprises, démontrent l'esprit d'ouverture sur l'universalité et le dialogue culturel sino-arabe ! La musique légère, au rythme et à la percussion très orientaux, aura démontré que la musique n'a vraiment pas de frontières. Injiany Aitulan, adoptée par le public, a su créer cette complicité, cette communion. Entre deux peuples aux traditions et cultures diamétralement opposées, grâce surtout aux deux chansons du patrimoine arabo-musulman : Mille et une nuits et Dounia. Cela n'a été possible que grâce à cette musique ensorcelante ! Massinissa, le Berbère C'était au tour du chanteur chaoui, enfant de Batna, Massinissa, de prendre le relais. Il a convié les amoureux du chant berbère à des chansons au rythme très léger interprétées en arabe dialectal mais d'un ton purement chaoui et d'une âme typiquement berbère. Le parler chaoui était bien présent, assaisonné parfois de cette musique kabyle que le chanteur à chaque occasion n'omet pas de produire, histoire de rappeler que la musique berbère, riche et variée, demeure une et indissociable dans son âme et ses origines depuis la nuit des temps. Les chansons H'nin Rabi, Touiza, vantant soit l'amour, soit le courage et la bravoure, soit la miséricorde divine ont fait vibrer des milliers de jeunes enthousiasmés. La chanteuse oranaise Zakia Mohamed, absente depuis quatre ans, est revenue en force cette fois avec une envie manifeste d'asseoir sa domination du moins sur la chanson oranaise, très prisée d'ailleurs partout en Algérie, des youyous fusaient de l'antique théâtre, signe de bienvenue surtout de la gent féminine. La chanteuse algérienne a tenu, à cette occasion, à interpréter devant un public acquis et avide de découvrir les chansons de romance qui font sa célébrité : Yalli Saken Galbi, H'mama Aandi Djat, reprises très réussies en composition musicale de la fameuse chanson populaire oranaise Ya Lasnam (actuelle Chlef). Mais la chanson qui a plu au public et l'a vraiment touché reste Sidi Naïl, saint patron des Ouled Naïl (Djelfa). Cette chanson évoque la bonté, la place occupée par ce ouali dans le cœur des Naïlis qui, à chaque malheur, à chaque doute, viennent quêter sa bénédiction, sa protection. Zakia Mohamed aura donc fait un retour fracassant à Timgad et de là sur la scène artistique nationale. Les deux chanteurs du raï, Cheb Akil et Cheb Dauphin, ont clos la soirée par leurs chansons d'amour et de soucis quotidiens dont souffre la jeunesse algérienne. Le public, les jeunes en particulier, les a accompagnés durant toute leur interprétation, récitant par cœur leurs répertoires. Notons que les chanteurs ont été accompagnés par une jeune troupe musicale venue d'Oran qu'a dirigée magistralement le maestro Amine Dahane.