De notre envoyée spéciale à Timgad Wafia Sifouane Elles sont belles, elles sont talentueuses et elles ont mis le feu samedi dernier au sein du théâtre antique de Timgad. Venue spécialement de Chine pour une première en Algérie, la troupe de danse et chant «Injay Aitulan» a agréablement surpris la foule avec un show distrayant et réussi. Ce soir-là, les gradins de la tribune sont bondés ; en effet, le programme de la soirée est plus qu'alléchant surtout lorsque le nom de Houari Dauphin est annoncé. Mais il se fera attendre longuement, le début du spectacle étant retardé jusqu'à minuit. Une attente qui se fera oublier avec l'entrée des danseuses chinoises habillées en tenues exotiques qui déchaîne le public… masculin. Accompagnée de deux musiciens percussionnistes, la belle soliste salue le public en chinois, bien sûr ! Malgré la barrière linguistique, le public semble apprécier. La danse de la troupe est endiablée, sensuelle et captivante. Une gestuelle précise qui fait ressortir le charme de ces jeunes filles directement sorties des mille et une nuits. Le public est subjugué par cette culture d'outre-mer. Mais contrairement à ce que le public aurait imaginé, la musique de la troupe s'inspire de différentes influences, on distingue le son turc et oriental arabe mais aussi quelques sonorités chinoises. Même l'andalou s'est invité dans leur spectacle. Le public du haut de la tribune ne sait plus où donner de la tête ! Il offrira à ces belles créatures une avalanche d'applaudissements. Ne sachant parler que le chinois, la troupe chargera une traductrice de faire parler d'elle. «Elles sont très contentes d'être venues en Algérie, c'est leur 1re fois d'ailleurs. Dans leur musique, elles parlent d'amour, de la vie et d'espoir», dira-t-elle. Après cette belle surprise, la scène est cédée à la chanteuse algéroise Zakia Mohamed. Cette dernière, dès le début de sa représentation, se fera huer par le public loin d'apprécier son répertoire musical. Il la siffle à volonté et réclame le chanteur chaoui Massinissa. Le temps d'un titre, elle se fera éjecter de la scène à la demande de la foule. La star locale fait son entrée, accueillie par un public qui connaît par cœur ses titres. Massinissa entame son spectacle. Son style à lui, c'est la musique chaouie et c'est tant mieux car il la maîtrise à merveille. Sa voix profonde est plus que touchante, il chantera, entre autres, une chanson qui parle d'amour, Aichouche, et une reprise d'Aïssa El djermouni. L'artiste suivant est une surprise vu qu'il n'était pas sur le programme du festival, c'est cheb Akil qui s'invite le temps d'un petit raï. Il chantera ses plus grands tubes, à l'instar de Gaa malade mental que le public semble apprécier. Il annoncera à la fin de sa représentation la sortie de son nouvel opus et de deux clips vidéo. En compagnie de son orchestre, le VIP de la soirée, Houari Dauphin, entre en scène face à un public impatient de le revoir vu que c'est un habitué du festival. La folie s'empare de jeunes qui s'identifient à ses titres. Sa spécialité, c'est le raï, un raï propre au cabaret, un lieu qui a marqué le début de la carrière du chanteur. Le public reprend avec lui ses succès, tels Nebghi nkelech amri, Neddi amri le Sheraton ou encore Je t'écris dont la mélodie plagie un tube d'Hélène Ségara. La soirée se clôturera sur les coups de 3h du matin, il est temps pour les Batnis de rentrer en attendant d'autres soirées animées. Par ailleurs, le public de Batna souffre du manque d'activités culturelles. N'ayant que le Festival de Timgad, il se rue vers le théâtre antique chaque soir en quête d'oxygène. Au-delà du festival qui, chaque année, participe à la dégradation du site historique, le manque d'activités en parallèle fait de cet événement une pure distraction sans plus.