Jamais, même durant la période coloniale, les cimetières de la commune de Annaba n'auront atteint ce niveau de dégradation comme celui constaté ces dernières années. A l'exception de Zaghouane qui, selon Albert Camus, donne envie de mourir, pas un seul de ces lieux où nos morts sont enterrés n'est pris en charge en matière d'entretien. Apparemment intéressés uniquement par la préparation des tombes moyennant rétribution, les préposés de la commune ou ceux qui donnent l'impression de l'être, ne se préoccupent nullement de ces tombes ouvertes, des mauvaises herbes et de la fréquentation des lieux par les toxicomanes. Pire, ceux qui ont la charge de préparer les tombes n'ont aucune connaissance des spécificités techniques applicables en la matière. L'alignement et la disposition de celles-ci ne répondent à aucune norme ; la profondeur et la distance d'une tombe à une autre ne sont pas non plus respectées. Un habitant de la cité Fakharine indique dans ce sens : « Nous avons l'impression que l'anarchie que subissent les vivants sur terre touche également les morts ; il n'y a qu'à faire une visite à Sidi Harb pour constater que ce cimetière est l'exemple type de cette anarchie. Difficile d'accès par tout moyen de locomotion pour le transport de la dépouille, il est situé à proximité d'un oued. La loi précise pourtant que les habitations sont interdites dans un périmètre de 3 à 5 km, et plusieurs dizaines de familles y vivent. Bon nombre de tombes sont découvertes et les services de la police scientifique se sont déplacés à maintes reprises pour regrouper les squelettes. » Et d'ajouter : « Plusieurs dépouilles ont été enterrées dans une tombe d'à peine 50 cm de profondeur ; la dalle de couverture touchait le corps qui pourrait être facilement déterré par les chacals et autres bêtes, en nombre dans ces lieux. »