À Cheurfa Ath Abbas, ce dernier village d'Ath Khelifa, dans la commune de Béni Amrane, la végétation est dense et l'orme (oulmou), dont les feuilles sont très prisées par les animaux et constituent leur aliment essentiel pendant la période des vaches maigres, offre suffisamment d'ombre pour se mettre à l'abri du soleil. A part cela, Cheurfa n'a rien. Cheurfa qui compte 126 martyrs pendant la guerre d'indépendance s'estime lésé. L'association de village ne réclame « rien d'autre que la reconnaissance et l'intégration du village dans le plan de développement local ». Les petits écoliers parcourent plus de 3 km, quatre fois par jour, pour rejoindre les bancs de l'école. Ils empruntent un chemin escarpé dont la montée est essoufflante même pour les adultes. « Il nous faut une annexe de l'école primaire », disent les habitants. Jusqu'à présent le projet de réalisation d'un CEM dans la région n'a pas abouti. Le président de l'association dit : « Pourtant un compromis a été conclu entre les propriétaires du terrain et les autorités. » Les habitants demandent en outre aux autorités de renforcer les infrastructures existantes. A l'image du centre de soins d' Ath Salem, dans le village voisin. « Aucun médecin ne vient assurer les consultations pendant la semaine », nous dit-on. Le chaleureux accueil du défunt âami Hidous, le vieil infirmier des années 1970 et 1980, leur manque toujours. En outre les projets d'éclairage, d'assainissement et de bitumage d'une petite partie de la route du village ne sont pas achevés. Tala N'Samlal, cette fontaine ancestrale, est menacée de pollution. La raison est due, comme nous l'a expliqué âami Ali, aux travaux du réseau d'assainissement effectués récemment dans le village au-dessus d'Ath Salem. Car les eaux usées sont déversées non loin de la fontaine. Le petit budget dégagé pour son embellissement ne satisfait pas les habitants. Car « l'heure est à l'éradication de cette menace de contamination qui pèse sur la fontaine ». Là nous avons rencontré cinq jeunes venus profiter de la clémence du climat à cet endroit. Ils n'ont pas les moyens d'aller à la plage car ils ne travaillent pas malgré qu'ils soient diplômés. Ici la possibilité de travailler est quasi nulle pour les jeunes. Même constat quant aux occasions de loisir. La plupart des villages sont dépourvus de lieux de rencontre, de savoir et de culture. Même pour jouer simplement au football, ils le font uniquement en été. Car le stade est situé dans la rivière. A l'approche de l'été, ils organisent un volontariat de nettoyage de terrain. En hiver, le terrain est noyé de nouveau. Le manque criant des moyens de vie auquel le village Cheurfa Ath Abbas est confronté est considéré par la population comme une « trahison à leurs aînés révolutionnaires ».