A part l'eau qui coule dans les robinets une fois par semaine et l'électricité, dont il vient d'être alimenté, le village de Aït Bourdjouane, sis à 14 km à l'ouest du chef-lieu de la commune de Béni Amrane, ne dispose d'aucune autre commodité. Pour les 50 familles qui y vivent, « le village n'a pas encore goûté aux biens de l'indépendance car il lui manque l'essentiel : la route et l'école ». Le village ne dispose en fait que d'une piste réalisée par les citoyens eux-mêmes. Et « elle a une histoire », que nous a contée Âami Saïd : « Lorsque le village voisin de Tizi Ouarou a bénéficié d'un projet de réalisation d'une route, nous avons demandé au conducteur d'engin chargé de cette mission d'ouvrir une piste dans notre village. Pendant ses journées de repos, il venait travailler ici pour notre village. Cela a été possible grâce aux habitants qui ont fait don de leur parcelles de terre et à la disponibilité des habitants pour réunir la somme d'argent nécessaire pour le payement des heures de travail du conducteur. » Cette réalisation « a été ensuite récupérée par les autorités locales ». La route est restée dans le même état depuis des années. Elle n'est pas encore goudronnée. En hiver elle devient complètement impraticable. « Nous avons été complètement consternés de lire dans un journal que dans une ville, que devait visiter un ministre, a été revêtue la veille. Même la partie du chemin de fer traversant cette route n'a pas été épargnée et a été elle aussi bitumée. La visite achevée, on a fait sortir les marteaux piqueurs pour enlever le goudron. Tandis que nous, nous continuons de souffrir depuis des décennies dans la complète indifférence », nous a dit un citoyen très affecté. Les habitants se plaignent aussi de l'insuffisance de l'éclairage public et de l'absence d'un réseau d'assainissement. Le seul recours est malheureusement les fosses septiques. Elles sont à l'origine de la pollution dans la région. L'autre problème que soulèvent les villageois est l'inexistence d'une école primaire. Les enfants sont ainsi contraints de parcourir un trajet de plus de 4 km, en été comme en hiver, pour rejoindre les bancs de l'école. N'ayant pas d'école à Aït Bourdjouane, les petits élèves sont scolarisés au village voisin de Tizi Ouarou. De nombreuses réclamations ont été formulées par les parents. Mais les réponses des autorités ont toutes été négatives sous prétexte qu'il n'y a pas de terrain où bâtir la structure. Pourtant une famille a fait don d'une parcelle de terrain pour ce projet.