Pour se rendre au village de Boukaraï, situé à 7 km à l'est de chef-lieu de la commune de Béni amrane, il faut un trajet, en voiture bien sûr, d'un peu plus d'une demi-heure. Car la route qui mène au village est dégradée. Des glissements de terrain, des crevasses et des nids-de-poule. En contrebas du village, à Aïth Afra précisément, ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont été contraints de déverser des chargements de gravier sur la piste menant vers leurs habitations pour la rendre carrossable, devant l'absence des autorités locales. Cela a influé négativement sur la disponibilité du transport. Le village est confronté continuellement à une véritable crise. Afin de rallier une destination, le citoyen attend des heures et des heures, sous une pluie battante en hiver et une chaleur suffocante en été, en absence d'abribus pour dénicher une place dans les fourgons qui passent. Les rares fourgons qui font la navette, même vétustes, sont pris d'assaut par les passagers qui ne se soucient guère du manque de confort. Le quart d'heure pédagogique de retard dans la matinée s'avère quotidiennement insuffisant pour les collégiens retardataires. Quant aux travailleurs, ils sont souvent l'objet de remontrances lorsqu'ils ne sont pas carrément renvoyés. Car les transporteurs boudent la desserte de leur village. Ils préfèrent aller vers d'autres destinations, aux villages voisins comme Touzaline, par exemple, sur le CW68 dont la chaussée a été récemment revêtue. L'absence d'un réseau d'assainissement empoisonne la vie du village. Même le recours aux fosses septiques (pourtant interdites par le wali actuel), comme solution temporaire, s'est révélée, avec le temps, une bombe à retardement. Car elles sont la cause directe de la pollution de l'environnement et une menace réelle sur la vie humaine. La végétation est détruite, et les puits d'eau qui ont nécessité des efforts humains et un budget colossal sont contaminés. En hiver, l'entretien des fosses septiques coûte énormément. En été, en plus de l'odeur nauséabonde qui s'en dégage, il y a le risque de la profileration de différents moustiques sources de transmission de beaucoup de maladies. « Nous avons interpellé les services d'hygiène à propos du danger de ces fosses septiques et la nécessité d'un projet de raccordement des eaux usées au réseau d'assainissement mais à part une visite ou deux de prise de métrage, rien de concret n'a été fait », nous a dit âami Ali très déçu. Cependant au petit village d'Aït Afra, en contrebas de Boukaraï, ce sont les habitants eux-mêmes qui ont réalisé une partie de réseau de l'assainissement. La situation de leur village, en étant proche de l'oued, leur a facilité la tâche d'organiser ce volontariat. Au centre de soins Charaâ Meziane et Med, il n'y a pas de médecin. Le centre de soin situé à Ikahliwan, au milieu du village est dans un état lamentable. Les mauvaises herbes ont envahi les lieux. Cet endroit paisible constitue avec le café du village les deux seuls lieux de rencontres des jeunes. Le village n'a pas de stade. « Les jeunes de village respirent le foot. Pourquoi les pouvoirs publics n'ont-ils pas pensé à doter le village d'un stade étant donné que des terrains domaniaux y existent ? », nous a dit Menaouer, un jeune avocat de la région