Ces faits sont pourtant bien matériels : la cour de Blida en 2003, ensuite le Conseil d'Etat en 2004 et définitivement par l'arrêt 18074 en décembre 2005 ont débouté les héritiers Faïd et consorts. En tant que décisions de justice, elles sont censées s'imposer impérativement à tous. Tenterait-on alors, surtout lorsqu'on est le premier magistrat de la wilaya, de faire accroire que les verdicts rendus par la justice ne sont bons que pour être abandonnés à la poussière des tiroirs ? C'est la démarche adoptée et suivie par l'administration du wali alors en poste, en l'occurrence M. Bouricha, qui s'avéra une année plus tard être un escroc, entre autres du foncier, et a fini tristement derrière les barreaux d'une prison. Qu'aurait dû faire le successeur de M. Bouricha, nous nommons, ici M. Ouadah ? Il était de son devoir de reprendre afin d'apurer tous les dossiers entachés de suspicion et traités du temps de son véreux et prévaricateur prédécesseur. Or, la vente du terrain du boulevard des 20 Mètres, pendant que son sort était entre les mains de la justice, est un acte illégal plus qu'avéré ; il s'agit d'une atteinte consciente et délibérée à la loi doublée d'un défi à l'action souveraine des juridictions. Au cas (peu probable) où M. Ouadah aurait un doute sur l'existence des décisions de justice en question, nous l'invitons à se rapprocher du président d'APC de Blida auquel nous avons laissé des copies des jugements rendus en 2003, 2004 et 2005. Faut-il remarquer encore que les arrêts de la justice s'imposent aux actes administratifs, comme par exemple l'attestation signée en 2003 par M. Melek ? Concernant l'intégration ou la non-intégration dudit terrain aux réserves foncières communales, le document cité par la mise au point de la wilaya est, par ailleurs, sujet à caution tout simplement parce qu'il est signé par un président d'APC (Ali Melek) en poste au moment où l'APC et la wilaya étaient en justice avec les consorts Faïd. En d'autres termes, il était du devoir et dans la mission de Ali Melek de défendre les biens communaux. De plus, une attestation (chahada en arabe) peut-elle remettre en cause une délibération d'assemblée populaire confortée par les tutelles y compris ministérielles ? Cet argument de la wilaya est donc trop futile pour avoir une chance d'être retenu. L'administration de M. Ouadah évoque en outre l'article 86, alinéa 03 de la loi 90/25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière pour justifier la non intégration du terrain en question aux réserves communales. M. Ouadah sait-il qu'une loi n'a jamais d'effet rétroactif et que ledit terrain a été intégré aux réserves foncières en 1976 (voir la réponse faite par l'APC en janvier 1989 à la demande du permis de construire) ? Et si l'on doit examiner quand même cet article 86, pourquoi aller directement à l'alinéa 03 alors que c'est l'alinéa 1er qui s'impose pour «les terrains inclus dans les périmètres d'opérations d'urbanisme…» En plus, l'alinéa 03 ne peut pas s'appliquer ici parce que le terrain situé au boulevard des 20 Mètres est propriété de la commune en vertu de l'arrêt 18074 rendu par le Conseil d'Etat en décembre 2005. Au cas où il y a eu une méprise sur la portée de cet arrêt, nous rappelons que la justice a débouté les Faïd parce qu'ils n'ont pas réussi à prouver qu'il y a eu passation de propriété entre Faïd Moloud et ses héritiers. L'arrêt du Conseil d'Etat ne concerne donc pas uniquement une parcelle de la propriété objet du litige mais sa totalité. Les héritiers Faïd ont donc été déboutés pour l'ensemble de la superficie. Ces faits répondent par la même occasion aux arguments ci-dessus développés par Mme Malika Faïd. Comment aurait dû évoluer l'affaire après l'emprisonnement de M. Bouricha ? Les nouveaux patrons de la wilaya de Blida auraient dû prendre les mesures nécessaires pour annuler les différentes opérations de vente du terrain des 20 Mètres et engager des poursuites judiciaires à l'encontre des parties qui sont mêlées de près ou de loin à ces démarches illégales de détournement d'une propriété qui est un bien de l'Etat. Rien de tel n'a été entrepris, mais plus curieux encore : le projet de réalisation de 1108 logements en plein centre de Blida a été emporté par le chanceux M. Belkiz, un entrepreneur natif de la même région que M. Ouadah. M. Belkiz a donc eu la chance de sa vie : découvrir subitement un terrain d'une telle valeur en plein centre-ville et se faire délivrer un permis de construire illico presto par le wali, alors que l'APC l'avait refusé. C'est selon toute vraisemblance l'explication liée à la spéculation foncière qu'il faut probablement retenir pour comprendre pourquoi on s'acharne à construire d'aussi nombreux logements sur une superficie aussi réduite, quitte à pratiquer de l'anti urbanisme en zone au surplus hautement sismique.