El Watan, 2 août 2010 Du nouveau dans l'affaire de l'immense terrain urbanisable situé en bordure du boulevard des 20 Mètres, en plein centre de Blida, dont le prix est actuellement évalué à plus de 4,5 milliards de dinars. Ce terrain de 44 333 m2 (près de quatre hectares et demi), sert actuellement de terrain d'assiette à la construction de 1108 logements. Le projet est mené au profit de la Sarl CIT appartenant, entre autres, à l'entrepreneur Belkiz, dit Blikaz, le patron de la société SIA (automobiles et pièces de rechange), domiciliée sur les hauteurs d'Alger. El Watan a déjà publié, le 14 juin dernier, une enquête sur le sujet après avoir sollicité les autorités locales (APC et wilaya) de Blida. Toutes ces sources d'information ont tenté de faire accroire que ce terrain appartenait en toute légalité aux héritiers Faïd. Ces derniers, en réalité, étaient en plein procès avec l'APC et la wilaya au moment où ils décidèrent de vendre le terrain objet du litige à la coopérative Kalma, dans laquelle certains d'entre eux étaient coopérateurs. En somme, ils se vendirent le terrain à eux-mêmes pour pouvoir le céder très rapidement en mettant fin à la coopérative au moment où le Conseil d'Etat rendait un arrêt définitif en faveur de l'APC et de la wilaya. Plusieurs directeurs de la wilaya de Blida, dont celui de la conservation foncière, feignirent tout ignorer des décisions de justice et du Conseil d'Etat rendues dans la première moitié des années 2000 et entérinées définitivement par l'arrêt 18 074 de cette dernière instance judiciaire en dates du 6 et du 20 décembre 2005. Nous avançons l'idée que la wilaya, dont son premier responsable, le wali en personne, M. Ouadah, ainsi que ses directeurs exécutifs étaient au fait des magouilles qui se tramaient autour de ce terrain. En effet, le 12 janvier 2009, le président de l'APC de Blida, Kacem Hacine, actuellement en prison pour une autre affaire, opposait un « non » catégorique à la demande de permis de construire introduite le 31 décembre 2008 par un cabinet d'architecture domicilié villa n°85, chemin Ouaked Ahmed, à Dely Ibrahim. La réponse négative de l'APC était motivée par le fait que le terrain en question avait été versé, n'en déplaise à M. Mokrani (le directeur de la conservation foncière), aux réserves de la commune. Il s'agissait non pas d'une décision d'un responsable d'APC mais d'une délibération de l'Assemblée populaire communale adoptée en 1976 et confortée en 1977, en 1978, en 1979 et en 1980 par des décisions analogues prises par différentes tutelles administratives, dont le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme. Le tout couronné par l'arrêt 18 074 du Conseil d'Etat de décembre 2005. Comment donc les Faïd ont-ils pu, sans être inquiétés le moins du monde, maintenir la vente frauduleuse après cet arrêté ? Quel est le rôle joué par le fameux expert foncier et le notaire recrutés (voir notre édition du 14 juin 2010) à Alger pour réaliser des opérations de vente dans de pareilles conditions ? On est légitimement autorisé à se poser des questions sur le produit financier de la vente et comment il a été réparti entre les différents acteurs. Mais il y a plus grave : la démarche des autorités de wilaya ne peut s'expliquer que dans le cas où certaines d'entre elles sont intéressées matériellement. La question est d'importance : comment la wilaya a-t-elle pu renoncer à un terrain d'une telle valeur vénale et surtout d'une telle importance urbanistique ? Etrange, en effet, dès que l'APC a opposé son refus de délivrer le permis de construire en janvier 2009, son instance technique, la division de l'urbanisme de l'APC de Blida, a été dessaisie du dossier qui a atterri alors entre les mains de la direction de l'urbanisme, laquelle a pour tutelle directe M. Ouadah. Le permis de construire est alors rapidement accordé à M. Belkiz qui, faut-il le rappeler, va réaliser un ensemble de tours qui risquent de poser problème à la ville.