Dans les grands centres urbains de la wilaya comme Mila, Chelghoum Laïd, Grarem, Tadjenanet, Téleghma et Ferdjioua, tout comme dans les petites contrées excentrées dans le monde rural, le constat est quasiment le même : l'indigence en matière d'infrastructures et d'équipements de détente et de loisirs est saisissante. La population (tous âges confondus, mais surtout les jeunes) en est tellement sevrée qu'elle semble livrée à elle-même. Force est de constater donc qu'il n'y a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent s'agissant d'installations et de structures offrant des alternatives sérieuses à une jeunesse avide de se défouler pour apaiser un tant soit peu l'emprise d'un quotidien aussi dur qu'implacable. Certes, des plans bleus sont programmés chaque été, des auberges de jeunes ont vu le jour ici et là, des bassins de natation aussi (comme à Chelghoum Laïd, Tadjenanet et Téleghma) quoiqu'au niveau précisément de ces deux dernières localités leur mise en service (les bassins de natation) laisse à désirer, mais la portée de ces initiatives reste toute relative dans la mesure où elles ne se font pas accompagner par la mise en œuvre de programmes culturels consistants, de spectacles distractifs, de soirées artistiques, etc., ciblant toutes les franges de la société. Pour unique refuge, les jeunes, tout comme les adolescents et les adultes, s'entassent au mieux dès les premières heures de la matinée, dans les cafés crasseux et enfumés de leur bourgade, qui pour discuter de tout et de rien, une façon comme une autre de « tuer » le temps, et qui, pour se tremper dans les quotidiens du jour. Les cafés pour unique refuge Au pire, ils font les badauds ou squattent les trottoirs à la recherche d'un coin d'ombre pour se mettre à l'abri des dards brûlants du soleil. Ces chômeurs et non moins laissés-pour-compte ne s'extirpent de leur douce farniente qu'à la mi-journée. A ce moment-là, les rues sont pratiquement désertes, le thermomètre flirte avec les 40-45 degrés et le semblant de vie ne reprend que sur les coups de 18h. La mer, la villégiature, enfin, les vacances réparatrices, ce sont là des vocables qui semblent bien bannis du lexique de la majorité des jeunes. Pour les plus chanceux d'entre eux, les vacances d'été se limitent à deux ou trois virées vers le littoral à la faveur des excursions organisées durant la période d'été. Les enfants en bas âge, dont les parents sont dans l'incapacité de les prendre en charge en matière de vacances, peuvent toujours se rabattre sur les bassins de natation (en dépit d'une prestation calamiteuse), étant donné que les tarifs affichés par ces établissements sont largement abordables. Pour le restant des gosses, tout comme la plupart des jeunes issus de familles pauvres et démunies, ils n'ont pas cessé de broyer du noir. Blasés, rongés par le spleen, le désespoir et la monotonie, ils n'ont qu'à prendre leur mal en patience et se garder de céder aux tentations insidieuses et à l'aventurisme. Des centaines de désespérés n'ont pu résister aux chants des sirènes et ont tenté la Harga. Avec tout ce que cela suppose comme tragédies.