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Le bruissement des langues
Publié dans El Watan le 10 - 02 - 2005

Parler des langues dans notre pays renvoie inévitablement à l'absurde : comment un être normal, ou censé l'être, peut-il accepter d'être amputé de son essence qui donne du sens à son existence et à sa vie ? On ne naît pas porteur d'une mémoire parfaite et d'une histoire préétablie, mais on ouvre nos sens sur des voix, des symboles et des bruissements qui meubleront et étofferont notre parcours de vie.
Je n'ai jamais compris pourquoi dans notre culture, toutes les richesses ou presque, finissent dans la discorde et l'isolement ? L'exemple tyrannique des langues est frappant. On peut, bien sûr, analyser les contours politiques et sociologiques d'une telle situation presque atypique, mais il est très difficile de saisir les profondeurs de la chose et mettre la main sur les vieilles sédimentations qui font d'une mentalité ce qu'elle est aujourd'hui. C'est quoi une langue sinon la symbolique la plus abstraite de la complexité d'une vie qui échappe à toute définition ? Une métaphore des plus insaisissables qui demande à être creusée constamment ? Dans les faits, aujourd'hui, les langues en Algérie se croisent et se volent d'espaces comme dans un jeu d'enfants. Dans la langue arabe, il y a présence d'indices et de marques visibles qui viennent des langues française, espagnole, italienne, berbère et d'autres et vice versa. Les langues ne vivent pas toujours les haines et les exclusions des hommes ; elles n'ont pas de problèmes de se retrouver dans un même espace, nez à nez dans la confrontation généreuse des échanges. Ce sont les hommes, et les hommes seuls, qui font de telle ou telle langue une arme qui détruit sa propre histoire sans se rendre compte, avant de nuire à la langue gênante que l'histoire a imposée. C'est vrai qu'une langue cache en elle tous les refoulements, les défaites et les fantasmes les plus insensés, mais elle cache aussi une capacité indescriptible qui fait de toute cette complexité historique son substrat d'imagination qui la propulse au-delà des mêlées et des batailles de groupes. Le berbère n'est pas seulement ce fer de lance à toutes les invasions, et qui a su s'ériger en défenseur d'un espace identitaire national, mais la soudure invisible de toute une nation qui refuse aujourd'hui avec acharnement de s'identifier à elle-même dans son mouvement à travers l'histoire, de se regarder en face et d'assumer les cassures et les brisures qui traversent ce corps qu'on appelle aujourd'hui un pays ou une terre. L'histoire rattrape toujours ses acteurs les plus déterminés. La langue arabe n'est pas seulement la langue du Coran comme certains la cataloguent facilement avec tout le lot de clichés qu'on connaît. Une vision certainement réductrice si on s'arrête à ces limites ; elle est aussi la langue de l'amour, de la poésie qui redéfinie dans la pratique le sacré lui-même, et surtout de la modernité que notre époque et le politique superficiel ont travesti et réduit. Qui peut nier aujourd'hui cette eau si douce, cette sève si pure qui a coulé et qui coule toujours dans les veines de la civilisation universelle contemporaine ? Peut-on effacer l'effet de quatorze siècles qui ont façonné et qui façonnent aujourd'hui le regard des Algériens d'un coup d'éventail comme on le fait pour éloigner une mouche gênante ? Les raccourcis politiques, raciaux, régionaux ou autres ne sont que des schémas réducteurs et désolants. La langue française n'est-elle pas une langue qui a aujourd'hui deux siècles de présence et d'existence dans notre pays ? Une partie de notre langage quotidien est teintée de cette langue, sans parler de l'écriture qui se fait en partie dans cette langue. Elle est en nous, façonne notre imaginaire partagé avec d'autres peuples et nous propulse au-delà de la fenêtre de notre petite maison si sûre et si réduite ? Au-delà des barrières que l'être humain croit ériger autour de lui, sans grand succès. Peut-on aujourd'hui, en Algérie, concevoir une identité juste et équitable à l'extérieur de toute cette diversité ? Je suis convaincu que sans ce pouvoir magique des langues qui dépasse les schémas préétablis, et conçois la diversité comme une chance, non pas à gérer comme cela se fait aujourd'hui dans le meilleurs des cas, mais plutôt un atout à assumer avec courage et dire, en finalité, que l'on soit berbérophone, arabophone ou francophone une partie de nous-même reste en dehors de nous, une part de la vérité est impérativement absente et on ne peut l'avoir que dans l'acceptation de notre contradiction et nos différences, mais faut-il d'abord apercevoir cette contradiction dans son aspect le plus positif qui rejette la haine et l'autosuffisance qui n'est que l'image d'une médiocrité et d'une inculture et une ignorance sans failles, mais surtout sans histoire véritable. Ce qui se fait aujourd'hui dans le domaine de l'écriture plurielle n'est que la défriche d'un monde qui sera, peut-être, plus juste et plus conciliant. Un monde que seule la belle littérature algérienne, toutes langues confondues, nous offre aujourd'hui dans son état le plus parfait. Beaucoup d'embûches, surtout beaucoup de rêves restent toujours à imaginer, des milliers de chantiers à prévoir ou à installer, mais les langues par essence refusent le cloisonnement parce qu'il est porteur des germes de la mort, et les langues c'est d'abord la vie, l'antipode de l'isolement. Le monde d'aujourd'hui n'est-il pas une utopie d'hier qui est passée, d'abord et avant tout, par le truchement des langues et des rêves ? Je pense qu'il faut méditer tout ça, faire l'effort d'écouter cette musicalité qui vient de très loin de nous. Des profondeurs ténébreuses, parce que très mal exploitées, naît dans le silence et le fracas des signes et des incertitudes, ce bruit invisible qui nous fait vibrer de vie et qu'on appelle tout simplement le bruissement des langues.

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