première vue, les morts de Collo sont bien lotis avec deux cimetières, Aïn Eddoula, située au niveau de la plage Baie des jeunes filles, et Ksir El Baz, au niveau de la plage La fontaine des sangliers. Autrement dit, deux cimetières pieds dans l'eau. Malheureusement, cette localisation est beaucoup plus un malheur qu'un bonheur. La dernière opération de nettoyage par les services de l'APC remonte à 2004. Depuis 2003, des associations souvent avec l'aide d'anonymes mènent des actions de nettoyage des deux cimetières. Sans clôtures, ni gardiens, les deux sites sont livrés à eux-mêmes à la merci des adeptes des plages non surveillées pendant l'été et des «Mista» (brasseries sauvages) le reste de l'année. Durant l'été, les deux cimetières sont envahis par les baigneurs qui en ont fait un passage vers leurs criques préférées. Certains y pique-niquent alors que, pis encore, d'autres y font leurs besoins. Pour les autres saisons, des brasseries à ciel ouvert s'installent dans et aux alentours des deux cimetières. Si ce laisser-aller n'est pas nouveau, la situation ne cesse de s'empirer chaque année. Depuis 2004, rares sont les opérations de nettoyage qui ont été menées par les services des différentes APC. La veille des fêtes de l'Aïd, des associations et des anonymes, relayés par les proches des défunts qui y sont enterrés, tentent quelques actions de désherbage, mais cela reste insuffisant. A ce problème de cadre général, s'ajoute celui de la saturation des sites. Depuis déjà une décennie, il n'est pas facile de dénicher 8 pouces pour enterrer les morts, notamment à Ksir El Bez, un cimentière installé sur un terrain cédé gracieusement par un particulier. A chaque enterrement, on passe plus de 2 heures rien qu'à chercher un espace vide apte à recevoir la dépouille du défunt. Pour les enterrements à Aïn Eddoula, le rituel se transforme en une épreuve d'alpinisme à cause du relief. A noter que les différentes APC, depuis la fin des années 1970, avaient inscrit la réalisation de nouveaux cimetières dans leurs agendas mais, à ce jour, aucun projet n'a abouti faute d'assiettes foncières consensuelles.