Mohamed Hammoutène, un syndicaliste et militant de la cause nationale, né à la Haute-ville Tizi Ouzou en 1933, vient de publier aux éditions El Dar El Othmania, un roman historique intitulé Les oubliés de l'histoire. Un titre allusif et évocateur. A l'aide de mots simples et courants, un style facile et sans tournures, et avec une certaine précision et un ton doux, l'auteur raconte l'époque des premières vagues consécutives de migrants algériens partant pour un « Eldorado illusoire », au pays du « roumi », au début du siècle écoulé. Le souci de l'écrivain n'est-il pas de raconter l'histoire de pauvres voyageurs aux maigres bagages, passant d'un monde à un autre, en quête de pain. Il s'agit là d'un texte fort et émouvant, qui affirme, aujourd'hui, la « présence » et l'existence de ces humbles gens, mineurs, ouvriers, manutentionnaires… « Ces oubliés de l'histoire », tout court. Une œuvre où l'on se rappelle du sacrifice de ces milliers d'émigrés algériens partis au-delà de la Méditerranée proposer leur force de bras, leur sueur, leur labeur… et même leur sang, pour contribuer effectivement à l'essor que connaîtront d'autres pays au-delà des mers. Dans cet ouvrage, le lecteur trouvera « ce souvenir d'une connaissance », cette « remémoration d'un parent ». L'auteur a, lors d'une rencontre vente-dédicace à la maison de la culture de Tizi Ouzou, décortiqué son ouvrage tout en soulignant que l'idée de l'écrire lui est venue inopinément. C'est le ramassé de souvenirs de plus de soixante-dix ans, dit-il, et d'ajouter dans le même ordre d'idées : « L'émigration a été comme le miroir aux alouettes. Notre peuple a beaucoup laissé de lui-même. Cette émigration a fait le temps et l'espace de plus d'un siècle. Et de mémoires d'hommes, aucun écrit n'a été divulgué sur l'espoir et le dépit qu'a connu une grande frange de notre peuple. » Le livre est à lire, ne serait-ce que pour apprendre quelque chose sur ces habitués aux travaux les plus durs sous le soleil brûlant ou au froid glacial.