Les citoyens de la ville de Tiaret, notamment les usagers du transport public urbain, se sont réveillés hier en apprenant la mauvaise nouvelle. « Le prix du ticket, jusque-là fixé à 5 DA a été doublé, soit 10 DA la place », leur a-t-on annoncé sans coup férir. D'autres usagers, notamment les scolarisés et les habitants de la banlieue Karmane, en colère, ont boudé les bus et ont rallié la ville à pied non sans déposer chemin faisant des blocs de pierres et des objets hétéroclites en représailles contre cette augmentation unilatérale des tarifs. Des bus furent littéralement saccagés. Des centaines de citoyens affluèrent vers le siège de la daïra où se trouve la direction des transports. Une délégation de jeunes s'y engouffre et accède jusqu'aux bureaux. La directrice tenta de calmer les esprits, sans résultat, mais dut s'expliquer. Les transporteurs, par la voix de Abdelhamid Mechtoune, disent « avoir appliqué les recommandations de leur organisation, l'ONTA, de surcroît appuyée par une lettre du ministère des Transports » qui aurait agréé la demande des transporteurs de Tiaret, de Tizi Ouzou et de Béjaïa. « Augmentation, nous dira-t-on, décidée pour que les transporteurs amortissent les dépenses engagées pour faire face à l'augmentation des carburants ». Hier matin, la maison de la presse était littéralement assiégée. Beaucoup de personnes défilaient pour dénoncer l'attitude des transporteurs. Le président de l'association Avenir-Tiaret, Larbi Yahiaoui, a fait savoir que « cette décision est contraire aux décisions prises lors d'une réunion avec la direction des transports tenue la semaine passée ». Le président de la ligue des quartiers de Tiaret, Hachemi Benaïchouche, a fait savoir que « partant du principe que l'augmentation projetée était fixée à l'avance à 20%, les transporteurs n'auraient dû augmenter que d'un dinar le billet pour un trajet inférieur à 10 km », et, surenchérit-il : « Il n'y a pas, à Tiaret et ses agglomérations, des trajets dépassant les 7 km. » Hadj Moulay Driss, président de la Fédération des parents d'élèves de la wilaya de Tiaret, n'a pas mâché ses mots. Pour lui, « c'est intolérable ! » Il nous cite l'exemple de ce citoyen de Tiaret, père de trois enfants, qui ne vit qu'avec 8600 DA par mois. « Imaginez, nous dit-il, les dépenses qu'il aura à faire pour que ses enfants scolarisés ne ratent pas l'école. 120 DA par jour pour faire face à ces augmentations en plus du paiement des factures, de la nourriture, etc. » Mme Benmechta, directrice des transports, nous a fait savoir que « les tarifs des transports ne sont pas du ressort de la direction, car l'activité n'est pas réglementée, du moins dans certains de ses aspects ».